Retraites: des projections alarmistes, à prendre calmement

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Retraites: des projections alarmistes, à prendre calmement

Le Conseil d’orientation des retraites a fait paraître ses projections annuelles du système de retraites, tous régimes confondus. Les projections sont plus alarmistes que celles produites l’année précédente, et ce dès 2020. Alors que le rapport 2016 chiffrait à 0,2 point de PIB le déficit d’ensemble à cet horizon (avec des conventions nécessairement discutables sur la mesure du déficit des régimes spéciaux aujourd’hui comblé par le budget de l’Etat), celui de 2017 l’estime à 0,4 point, avec une dégradation qui se poursuit ensuite. Le différentiel n’est pas anodin : les projections 2016 indiquaient que, à partir de 2025, dans deux scénarios économiques sur quatre, le système était à l’équilibre à horizon 2025 et le restait ensuite ; dans les nouvelles projections, dans trois scénarios sur quatre le déséquilibre financier de 2025 durerait, de manière plus ou moins prononcée jusqu’en 2040.  Pour un décideur, ce n’est pas la même chose que d’espérer, grâce à une bonne croissance des revenus d’activité (c’est essentiellement sur ce point que les scénarios économiques diffèrent) éviter le déficit à moyen terme ou de savoir qu’il est à peu près inévitable. Les explications des écarts entre les projections 2016 et 2017 sont assez simples : elles tiennent à la révision des hypothèses démographiques de long terme de l’Insee, qui a en 2016 baissé le solde migratoire prévisionnel (or, ce sont des populations jeunes qui s’installent, qui contribuent au système sans y émarger) et allongé la durée de vie des hommes. L’écart est lié également à la révision des hypothèses d’évolution du PIB, calées sur celles du Pacte de stabilité établi chaque année au début du printemps. Or, le Pacte de 2017 a revu à la baisse les précédentes prévisions d’évolution du PIB sur 2018, 2019 et 2020, longtemps considérées, de fait, comme très optimistes. Au final, malgré les commentaires alarmistes, les nouvelles projections du système de retraites sont à prendre très calmement : le solde migratoire est, dans les projections démographiques, une inconnue et il peut évoluer très différemment du chiffre choisi. Le calcul de la longévité est plus étayé mais les conséquences portent surtout sur le moyen et long terme. Surtout, l’INSEE, dans sa note de conjoncture de juin 2017, vient de revoir à la hausse l’évolution du PIB dès cette année 2017 (il devait être à + 1,5 %, il passe à +1,6%) et, de ce fait, les anciennes hypothèses du pacte de stabilité 2016 sur les années suivantes cessent d’être déraisonnables et redeviennent crédibles. Bien évidemment, il faut rester prudent et surveiller le solde du système de retraite : mais si le rapport du COR était sorti dans trois mois, il n’aurait pas sans doute abouti aux mêmes conclusions. La sensibilité des projections de retraite aux indicateurs économiques est grande…