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Faire et défaire les rythmes scolaires

Après les assouplissements de B. Hamon, un temps (on l’a oublié) ministre de l’Education nationale, qui en 2014 a donné aux communes la possibilité de déroger à la réforme des rythmes scolaires mise en place en 2013 par son prédécesseur V. Peillon,  voici la mesure, plus radicale, du nouveau ministre, J-M Blanquer : le décret du 27 juin 2017 permet aux écoles et communes qui le désireraient de revenir, pour les élèves des écoles maternelles et primaires, à une semaine de classe sur 4 jours pleins, comme de 2008 à 2013, laissant libres les mercredis et samedis. Vont donc pouvoir coexister, en fonction du choix des conseils d’école et des communes ou EPCI, trois organisation types : une semaine de 24 heures étalée sur 4,5 jours (5 matinées), avec une fin de classe d’après-midi avancée de 45 minutes en moyenne et relais pris par les activités périscolaires de la commune (version Peillon) ; une semaine répartie sur 5 matinées et 3 après-midi, les activités périscolaires étant concentrées sur le vendredi après-midi (version Hamon) ; un retour à la version sarkoziste en vigueur en 2008 d’une semaine concentrée sur 4 jours. On avait cru comprendre que la semaine de 4 jours était trop dense pour des enfants jeunes qui ne pouvaient soutenir leur attention toute une journée et que mieux valait les solliciter sur 5 matinées et alléger l’après-midi. Il n’est plus question aujourd’hui de ces débats : ce qui compte, c’est le choix des adultes et, pour des raisons bien compréhensibles, ceux-ci préfèrent concentrer le travail sur de longues journées et avoir plus de liberté ensuite. Un débat perdure, le débat financier, les communes étant désireuses de voir l’aide de l’Etat au périscolaire se prolonger. Reste que le ministre commence son mandat par des signaux, stricto sensu, réactionnaires :  abandon de la réforme « plus de maîtres que de classes » dans les zones où certaines classes doivent être désormais réduites à 12 élèves, ouverture au redoublement, modification de la réforme des collèges, possibilité enfin de revenir dans le primaire à une semaine compacte. Ce n’est pas forcément signe d’apaisement. Le stop and go, c’est d’une part lassant, et, d’autre part, cela jette un doute sur les motivations : est-ce pour rectifier des erreurs ou pour damner le pion au pouvoir politique de l’autre bord ? Le service public de l’éducation est aussi un enjeu politique, victime des allers et retours des décideurs qui ne savent pas accepter ce qui, dans les réformes des prédécesseurs, devrait être gardé. Avant tout régler des comptes…et démontrer que la vision de l’éducation des uns et des autres est puissamment idéologique, bien plus en tout cas que raisonnée.