Réforme des collèges, assouplir jusqu’à dilution

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Réforme des collèges, assouplir jusqu’à dilution

On a beaucoup parlé de la remise en cause de la réforme des rythmes scolaires dans le premier degré, un peu moins de l’arrêté du 16 juin 2017 qui modifie fondamentalement, dès septembre 2017, une réforme des collèges dont la mise en œuvre, prévue pour cette rentrée, était préparée depuis plus d’un an.  Les principales dispositions de la réforme des collèges portaient, au-delà du tronc commun d’enseignement, sur l’institution de certains enseignements de complément : une aide personnalisée pour tous (3 heures en 6e, 1 h ensuite) était instituée. Surtout, en 5e, 4e et 3e, 20 % du temps devaient être consacrés à une « pédagogie par projets », par petits groupes, sur des thèmes interdisciplinaires (développement durable ou monde économique et professionnel par exemple). Mal accueillie par des enseignants attachés à un découpage classique des enseignements, la réforme ouvrait sur des thèmes nouveaux, propres à séduire davantage les élèves, et obligeait à de nouvelles modalités pédagogiques. L’arrêté du 16 juin ne supprime pas ces enseignements pratiques interdisciplinaires (EPI). Il leur enlève cependant tout contenu : les dispositions qui précisaient le champ des EPI et les thèmes à traiter ont disparu, de même que la mention selon laquelle toutes les disciplines d’enseignement devaient participer à de tels enseignements. On ne sait plus bien ce que sont ces enseignements, ce que les enseignants choisiront d’en faire sans doute. Les EPI ne deviennent pas tout à fait facultatifs (les élèves devront en avoir bénéficié au moins une fois avant la fin de la 3e) mais peuvent devenir tout à fait marginaux, au choix de l’établissement. Il en est de même de l’accompagnement personnalisé, les élèves devant avoir bénéficié au moins une fois d’une séquence de ce type, sans autre obligation. Parallèlement, les horaires des classes bilangues et de latin sont renforcés. L’arrêté, dans son habileté (l’autonomie pédagogique est censée dominer et ce sont les enseignants qui donneront, ou pas, le la de l’interdisciplinarité), est clair : on assiste à un retour en arrière, sur le plan juridique et pratique mais aussi sur celui de la réflexion pédagogique. Est surtout frappant le marquage idéologique de la mesure : les enseignements disciplinaires, les langues, le latin, c’est bien. La transversalité, le travail en commun, l’inscription dans l’emploi du temps de l’aide individuelle, c’est de la perte de temps. Une part des enseignants applaudira, les autres se décourageront, surtout ceux qui, depuis un an, ont dépensé leur énergie à convaincre leurs collègues de construire des projets appelés à tomber à l’eau. Pour ce qui est de l’Education nationale, le pouvoir ne trouve pas facilement la ligne « ni de droite, ni de gauche ».