Développer l’apprentissage, mais pour qui?

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Développer l’apprentissage, mais pour qui?

La DARES, service d’études du ministère du travail publie les résultats de l’apprentissage en 2016 : ils ne sont pas mauvais. L’apprentissage (avec 275 300 entrées) progresse peu pour le secteur privé mais progresse (+ 1,2 %, 1,9 % en comptant les apprentis du secteur public), Au moins, il ne baisse pas, comme cela a été le cas en 2013 et 2014. L’on reste loin toutefois des 500 000 apprentis promis en 2012 par le Président de la République de l’époque pour 2017. Dans un secteur qui doit être « reboosté » par la réforme de la formation promise par le gouvernement actuel pour 2018, les pouvoirs publics doivent prêter attention à deux évolutions : depuis 1996, l’apprentissage baisse dans les entreprises de 0 à 9 salariés, stagne dans celles de 10 à 49 et progresse dans les plus grosses. Le phénomène va de pair avec l’augmentation du niveau des apprentis (les grandes entreprises prennent essentiellement des apprentis de niveau bac ou bac + 2), au point qu’en 2016, 47 % des apprentis possèdent ce niveau à leur entrée contre 39 % des apprentis de 2012. Autrement dit, l’apprentissage est de moins en moins destiné à permettre aux sans diplômes d’acquérir une qualification professionnelle et il est utilisé par les grandes entreprises comme un contrat de professionnalisation. Or les pouvoirs publics ont annoncé chercher dans la formation en alternance un vecteur d’insertion des jeunes peu ou pas qualifiés. Il leur faudra donc renverser l’évolution à l’œuvre depuis des années, alors que les pouvoirs publics ont sans doute davantage en tête le modèle allemand de l’apprentissage, tourné vers les sans diplômes. Deuxième constat : l’ampleur des ruptures en cours de contrat (28 %) qui concernent plutôt les plus jeunes apprentis, plutôt les contrats courts, plutôt la restauration (50 % de ruptures !). Processus de tâtonnement en début de vie professionnelle d’un jeune qui en découvre les contraintes, sans doute, mais aussi orientation par défaut, liens trop distendus entre le CFA et les maîtres d’apprentissage, CFA éloignés de la vraie vie, professionnels qui voudraient des apprentis déjà opérationnels, réelle pénibilité de certaines professions qui ont des difficultés à recruter mais ne s’interrogent pas suffisamment sur les conditions de travail et de relations sociales qu’elles offrent. Le bilan d’ensemble doit faire réfléchir les pouvoirs publics aux propositions d’une une note du CAE de 2014 (« L’apprentissage au service de l’emploi ») : fusionner apprentissage et contrat de professionnalisation, orienter les aides vers les non qualifiés, certifier la qualité des formations, réduire la part de formation générale…et, sans doute, y consacrer un peu plus d’argent.