Emplois aidés d’insertion: les employeurs dérapent

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Emplois aidés d’insertion: les employeurs dérapent

Déluge de protestations sur le fait que l’Etat a décidé de ne pas abonder de manière importante le nombre d’emplois aidés de 2017 pour compenser la très forte consommation de la première partie de l’année : les 280 000 contrats aidés prévus cette année sont passés à 310 000 en septembre mais cette faible augmentation n’a permis que de répondre à des urgences, l’accompagnement des enfants handicapés scolarisés notamment. Les écoles, les associations, les entreprises sociales et solidaires, largement servies jusqu’à l’été, protestent : elles fonctionnaient grâce à ces emplois précaires et sous-rémunérés et voient le nombre des nouveaux contrats s’effondrer. Le gouvernement aurait sans doute pu mieux soigner les transitions. Sur le fond toutefois, il a raison : il existe 5, 10 rapports d’expertise qui disent tous la même chose, que ce soit la Cour des comptes, le service d’études du ministère du travail ou le Conseil d’analyse économique. Si l’on se place du point de vue des bénéficiaires (les emplois aidés ne sont pas destinés à suppléer le manque de personnel des mairies ou des écoles mais à permettre aux bénéficiaires d’accéder à un emploi), les emplois aidés ont une vertu : ils améliorent les revenus des bénéficiaires et, pour certains, qui rencontreraient des difficultés d’adaptation sur un emploi marchand, de tels contrats peuvent représenter un « sas » utile. Sur le long terme, quand ils sont utilisés massivement, comme c’est le cas en France depuis des décennies, ils correspondent, dans le secteur marchand, à des effets d’aubaine (les entreprises embauchent une personne qu’elles auraient recrutée de toute façon) et, dans le secteur non marchand, ils profitent de plus en plus à des jeunes qualifiés en recherche d’emploi et ne préparent pas les autres à l’insertion durable (les chiffres d’insertion durable sont très médiocres). Les employeurs non marchands sont en effet rarement armés pour offrir un véritable poste de travail à un salarié peu qualifié. Au moins faudrait-il rendre obligatoire une formation, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Le recours à des formules d’emploi en alternance en entreprise serait sans doute une bien meilleure solution mais il faudrait que les entreprises acceptent de jouer le jeu, qui leur demande davantage d’efforts, surtout avec des jeunes parfois loin de l’emploi. Au final, rendre service aux écoles, pourquoi pas, lutter contre le chômage de masse et donner à chacun une chance de s’insérer durablement, c’est l’objet de la politique de l’emploi et, pour l’instant, focalisée sur des emplois aidés peu efficaces, elle le fait mal.