Les freins à l’embauche, que dit l’Insee?

Le RSI, mort pour rien?
17 septembre 2017
Emplois aidés d’insertion: les employeurs dérapent
17 septembre 2017

Les freins à l’embauche, que dit l’Insee?

Le débat sur les ordonnances modifiant le droit du travail a remis sur la table la question des « freins à l’embauche ». Pour montrer que les entreprises n’identifient pas le droit du travail, et en particulier la difficulté de licencier, comme un frein à l’embauche, il a été fait référence, à de nombreuses reprises,  à une étude de l’Insee, parue en juin 2017, qui a questionné les entreprises sur les raisons qui pouvaient constituer des freins l’embauche en CDI ou en CDD de longue durée. Reportons-nous à l’étude. Elle dit que 47 % des entreprises disent rencontrer des freins. Les autres soit n’en rencontrent pas (33 %), soit ne se sentent pas concernées parce qu’elles n’embauchent pas (20 %). Le frein le plus important est financier si l’on additionne les réticences sur le coût du recrutement, celui des salaires et des cotisations (un quart des réponses). Viennent ensuite deux freins essentiels que sont l’incertitude sur la situation économique et le manque de main d’œuvre compétente, l’un ou l’autre étant cités dans près d’une réponse sur deux. Mais le bloc « coûts des licenciements » et « risques juridiques liés aux licenciements » (qu’il faut additionner), n’est nullement négligeable (un 5e des réponses). A s’en tenir là, l’argument selon lequel ce motif ne compte pas du tout dans les freins à l’embauche peut être mis en doute, surtout si l’on note que l’enquête ne permet pas de distinguer les réponses selon la taille des entreprises : or, les petites sont sans doute davantage freinées par les coûts salariaux et par la peur des risques liés au licenciement que les grandes. De plus, les questions posées l’ont été dans le cadre d’une enquête de conjoncture : 20 % des entreprises ne se sentent pas concernées parce qu’elles n’embauchent pas, mais que sait-on de leurs craintes si elles étaient en position d’embaucher ? Au final, les résultats de l’enquête permettent de hiérarchiser les freins. Il est vrai, tous secteurs confondus et toutes tailles d’entreprise confondues, que les freins dominants sont les coûts, la conjoncture, le manque de main d’œuvre, pas le coût et la réglementation du licenciement, craintes qui existent toutefois et ne sont pas marginales. Reste que toutes les études ont toujours affirmé que l’assouplissement du droit du licenciement n’avaient pas d’impact sur les créations d’emploi, ce qui contredit les déclarations des entreprises. La limite de l’enquête de l’Insee est sans doute là : elle mesure un ressenti, pas une mise en situation. Lors d’une prise de décision, tous les facteurs mentionnés joueront peut-être mais dans des proportions différentes et il est infiniment probable que l’analyse de la conjoncture l’emportera. L’étude est intéressante, il faut néanmoins la lire avec prudence.