Plan national nutrition santé : un plan à revoir

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Plan national nutrition santé : un plan à revoir

Le journal en ligne Localtis signale la parution en octobre 2017 d’un rapport de l’Inspection générale des Affaires sociales, datant de plus d’un an (juillet 2016), relatif au plan national nutrition santé 2011-2015 et 2016 ainsi qu’au plan public contre l’obésité. Le rapport est à charge : s’il s’ouvre sur quelques appréciations laudatives sur une démarche qui, depuis 2001, a su faire prendre conscience de l’importance pour la santé de la nutrition et de la lutte contre la sédentarité, il en vient rapidement aux critiques. Le PNNS est trop touffu (4 axes, 7 objectifs généraux, 22 sous-objectifs, 45 actions et 125 sous actions) : la lisibilité n’est pas, il est vrai, le fort des documents de santé publique, souvent verbeux. De ce fait, le plan ne repose pas sur quelques axes stratégiques mais multiplie objectifs et actions mal hiérarchisés…avec le risque d’une mauvaise prise en charge. Deuxième critique, les actions destinées aux acteurs publics, industriels et grande distribution sont modestes : le plan, par souci excessif de consensus, est muet sur les mesures réglementaires et fiscales qui permettraient d’imposer certaines règles et de limiter le marketing alimentaire. Enfin, le gouvernement a adopté d’autres plans sur des sujets proches (plan national pour l’alimentation, plan sport-santé bien être), qui brouillent la lisibilité et la cohérence de son action.

La parution du rapport permet d’engager une réflexion sur les actions tendant à promouvoir la prévention dans le domaine de la santé publique.

En premier lieu, mieux vaut être simple, surtout si la cible est le grand public, avec quelques objectifs évaluables : le foisonnement de recommandations est nocif. Parfois, l’on a le sentiment que les actions de prévention se justifient d’abord par leur propre existence. Elles ne se justifient que quand elles sont efficaces : dès lors que l’on constate que le les inégalités sociales dans le domaine de la nutrition et de l’obésité ne se modifient pas (et là, c’est le cas), c’est que le plan n’est pas bon.

Ensuite, l’on sait, ou l’on devrait savoir, que les actions de communication institutionnelle ne touchent pas les publics cibles, souvent les plus précaires, et que certaines peuvent même être contreproductives, l’apparition d’un slogan hygiéniste sur une publicité alimentaire légitimant l’achat d’un aliment déconseillé.

Avant de lancer un plan, il faut s’interroger sur la possibilité de changer les comportements alimentaires : il existe des études sur le sujet. Elles disent que l’information du consommateur sur les risques d’une mauvaise alimentation n’a pas d’effets sur les comportements : les actions seulement « éducatives » n’ont pas d’impact significatif. Il faut donc rechercher d’autres moyens : aides très concrètes sur la confection de menus, actions collectives plus entrainantes comme des ateliers cuisine…  Au-delà, les pouvoirs publics doivent jouer leur rôle : interdire toute publicité sur les aliments à destination des enfants et réglementer davantage la composition des aliments vendus.