Petites entreprises: la peur des CDI

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Petites entreprises: la peur des CDI

DARES-analyses étudie dans une note d’octobre 2017 (n° 070) la préférence des entreprises pour les embauches en CDD plutôt qu’en CDI. Le thème pourrait faire sourire tant les réponses paraissent évidentes mais bien évidemment la note apporte des éclairages intéressants sur la diversité des motifs. La DARES a exploité les réponses à une enquête 2016 « Offre d’emploi et recrutement » qui, contrairement à d’autres études, ne cherche pas à connaître les freins théoriques des entreprises à l’embauche en CDI mais les raisons de l’arbitrage effectif qu’elles ont fait sur un poste à pourvoir concrètement. Les réponses peuvent cumuler plusieurs motifs : 69 % des entreprises répondent que le besoin était limité dans le temps mais 65 % répondent aussi que le but est de tester les compétences d’un salarié, 56 % qu’elles souhaitaient limiter le risque pris compte tenu des incertitudes sur leur activité. 45 % seulement indiquent vouloir éviter la réglementation associée aux CDI (coût du licenciement, formalités et incertitudes sur les recours juridiques). Ce qui est frappant, c’est d’abord que les cadres sont bien plus souvent embauchés en CDI (70 %) que pour les autres postes (42 %) : les pratiques sont aussi affaire de coutumes… Surtout, ce sont les petites entreprises de moins de 10 salariés qui évoquent bien plus souvent, pour expliquer le recours aux CDD, à la fois les craintes d’un ralentissement de l’activité (63 % contre 40 % pour les entreprises de plus de 200), l’évaluation des compétences d’un salarié (70 % des petites contre 50 % des plus grosses) et la volonté d’éviter les risques liés selon elles à l’embauche en CDI (55 % contre 19 %).  Les établissements dotés d’un service de ressources humaines (les plus gros par définition) évoquent d’ailleurs bien moins souvent cette dernière raison pour justifier l’embauche en CDD. Les employeurs qui évoquent la peur du coût et des rigidités du CDI semblent d’ailleurs ne plus envisager de pourvoir des postes sous cette forme puisqu’ils considèrent souvent comme importantes toutes les raisons expliquant le recours à des CDD : ils n’y voient plus que des avantages. Enfin, le passé des entreprises joue : celles qui ont connu un plan social sont plus sensibles aux risques liés à la réglementation des CDI et celles qui ont une part importante de CDI dans leur personnel sont moins réticentes à embaucher sous cette forme. Au final, l’on mesure l’importance des peurs chez les recruteurs, surtout les petits, et de peurs multiformes : peur des baisses d’activité, peur de règles trop pesantes et trop coûteuses qu’elles ne sauront pas gérer, peur que le salarié ne corresponde pas aux besoins…Il n’est donc pas totalement inutile de tenter de les rassurer.