Qualité de l’eau : un bilan inquiétant, une gouvernance inefficace

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Qualité de l’eau : un bilan inquiétant, une gouvernance inefficace

Le magazine Que choisir publie le 17 octobre 2017 une étude « Préservation de la ressource aquatique », téléchargeable en ligne, sur la qualité de l’eau en France. En 20 pages, sans fioritures ni précautions stylistiques, le constat est dressé : pour les pesticides, la norme qui définit la potabilité de l’eau de surface est dépassée sur 53 % du territoire et, s’agissant des nappes phréatiques, sur 31 %. Pour les nitrates, sur 15 % du territoire et dans 43 % des nappes phréatiques, les teneurs dépassent la valeur guide de l’Union indiquant que l’eau ne doit pas être utilisée pour fabriquer de l’eau potable. La situation n’a pas évolué depuis 1996. Que choisir met en cause l’utilisation massive des engrais azotés par les agriculteurs et le recours aux pesticides, qui a progressé de 18 % sur les 5 dernières années. Une telle pollution ne devrait pas se produire si les règles de l’Union, censées, depuis 2003, conditionner les aides agricoles à des normes de respect de l’environnement, étaient appliquées : elles ne le sont pas (apparemment pas seulement en France) comme le montrent trois audits de 2008 et de 2011 de la Cour des comptes de l’Union (Que choisir évoque « la farce de l’écoconditionnalité »). Ces audits dénoncent une réglementation trop imprécise, l’absence de contrôles et, quand il y a contrôle, l’absence de sanctions. Quant au principe pollueur payeur, il n’est pas du tout appliqué. Les Agences de l’eau ont une politique curative et pas préventive et les taxes qui les financent sont massivement payées par les consommateurs : 88 % pour la redevance « pollution », 70 % pour la redevance « prélèvements », alors que l’agriculture supporte 7 % de la redevance pollution et 4 % de la redevance « prélèvement », tout en consommant 48 % de l’eau. S’ajoute à la question de la pollution celle des prélèvements, sachant que la carte des zones touchées par les restrictions d’eau estivales s’étend et que les pratiques d’irrigation ne cessent pas, le maïs (qui réclame beaucoup d’eau en juillet et août) représentant 41 % des cultures. Enfin, pour ce qui concerne les organismes qui gravitent autour des agences de l’eau (Comités de bassin et Commissions locales de l’eau), qui réunissent les utilisateurs et les acteurs concernés par la politique de l’eau, leurs décisions sont guidées par la protection des intérêts agricoles et les représentants des consommateurs ou des ONG écologiques ne parviennent pas à se faire entendre. Que choisir plaide pour une politique préventive, citant des exemples de politique permettant d’éviter des pollutions agricoles et de limiter l’usage excessif de l’eau. Il souhaite que soit appliqué le principe pollueur payeur et que les pratiques agricoles évoluent. La lecture du dossier accable : l’environnement se dégrade et les pouvoirs publics y restent indifférents.