Les transferts sociaux limitent les inégalités territoriales

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Les transferts sociaux limitent les inégalités territoriales

L’Insee (Insee Focus, 6 novembre 2017) montre que les transferts sociaux ont des effets différenciés selon les territoires. Dans les régions à forte disparités de revenu, où le rapport interdéciles est élevé si l’on ne prend en compte que les revenus fiscaux, les transferts sociaux contribuent plus qu’ailleurs à réduire les inégalités : le rapport interdéciles passe ainsi en Ile de France de 7,64 quand il est calculé sur les seuls revenus fiscaux à 4,54 après (-3,1 points) tandis qu’en Pays de Loire, où les inégalités de revenus fiscaux sont moindres (rapport initial de 4), le rapport après transferts sociaux atteint 2,83, la baisse entre les deux étant de 1,2 point. De même, la part des prestations sociales dans le revenu s’échelonne de 28 % dans des départements vieillis (Massif central, Corse) ou aisés (frontière Suisse) à plus de 50 % dans les départements pauvres du nord. Les retraites quant à elles dépassent le tiers du revenu disponible autour du massif central contre moins de 25 % à Paris et dans le Rhône. Rien de surprenant à ces données, qui semblent même enfoncer des portes ouvertes : dans les zones pauvres ou inégalitaires, la redistribution sociale joue son rôle, même si elle ne parvient pas, loin de là, à égaliser les taux de pauvreté. Les départements pauvres vivent de transferts sociaux et les départements vieillis vivent des retraites. Certes. De telles données présentent cependant un intérêt capital : elles montrent que les statistiques en France deviennent de plus en plus locales et que l’on mesure bien mieux qu’avant combien les données économiques et sociales sont contrastées selon les lieux. Dans son célèbre ouvrage « La crise qui vient », le géographe Laurent Davezies a cherché à mesurer les effets sur les territoires de la crise et de la redistribution, pas seulement celle qui venait des transferts sociaux mais aussi celle issue de l’implantation des services publics et des revenus générés par la présence des fonctionnaires. Cette approche est de mieux en mieux comprise : l’emploi, les activités, la qualification des populations, les catégories sociales et les patrimoines ne sont pas uniformément répartis et la crise et ses conséquences ne doivent pas être étudiées au seul niveau national ou par secteurs économiques : elles sont territorialisées. Enfin, L.Davezies pensait que la cohésion sociale tenait massivement à ces transferts : reste à savoir si c’est vraiment le cas. Quelle région peut longtemps supporter que 50 % du revenu disponible des habitants viennent de transferts sociaux ?