Réduire la taille des classes, c’est efficace

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Réduire la taille des classes, c’est efficace

Le 20 décembre 2017, le ministère de l’Education nationale a publié la répartition des emplois d’enseignants en 2018 : il en ressort que, en accord avec la politique de dédoublement des classes de CP dans l’Education prioritaire, le premier degré est largement gagnant avec plus de 3500 postes supplémentaires, malgré une baisse des effectifs d’élèves, tandis que la dotation du second degré n’évolue pas globalement. C’est l’occasion de s’interroger sur l’utilité de la politique de dédoublement des classes. Le site IPP (institut des politiques publiques), proche de l’Ecole d’économie de Paris, a pour ambition d’évaluer les politiques publiques en s’appuyant sur des techniques quantitatives. Il publie des notes d’évaluation qui se veulent accessibles à tous. En septembre 2017, il a publié une note intitulée « La taille des classes influence-t-elle la réussite scolaire ? » https://www.ipp.eu/publication/n28-la-taille-des-classes-influence-t-elle-la-reussite-scolaire/ : la réponse à la question est clairement positive. L’étude s’appuie sur des travaux empiriques réalisés à l’étranger (Etats-Unis, Israël, Suède…) qui ont permis de dominer les biais de sélection que constituerait la concentration des bons élèves dans certaines classes. Lorsque la taille est divisée par deux (passant de 24 à 12 par exemple), 7 des 9 études trouvent des effets significatifs de court terme (mesurés en fin d’année grâce à des tests), du moins dans les classes primaires (les effets dans les collèges sont moins nets mais les mesures sont insuffisantes pour conclure). Une partie des études trouvent un doublement des effets lorsqu’il s’agit d’enfants défavorisés, de par leur origine sociale, ethnique ou familiale (familles monoparentales) : une meilleure utilité dans les classes défavorisées est ainsi très probable mais moins certaine que les effets de base. De même, une partie des études montrent des effets de plus long terme sur l’entrée à l’université, voire sur l’emploi et les revenus à l’âge adulte. La taille est le seul facteur à modifier : pourtant, certains experts ont longtemps considéré que, si la pédagogie n’était pas modifiée, la réduction de la taille des classes n’avait pas d’impact. Or, rien ne le prouve. La simple réduction de taille, sans accompagnement pédagogique spécifique des enseignants, produit des effets de meilleur engagement des élèves et de moindre recours à la discipline : le temps est mieux utilisé. En revanche, on ne sait rien des effets d’une réduction linéaire du nombre des élèves (un ou quelques élèves de moins ont-ils un effet ?). Au final, la réduction de la taille est sans doute, parmi les mesures envisageables, celle dont les effets sont les plus certains : ainsi, même si l’on peut plaider pour un développement de la formation des enseignants, l’on sait qu’elle est peu efficace pour modifier les pratiques, faute d’une intensité et d’un accompagnement suffisant. Le coût de la mesure de réduction de la taille des classes est cependant tel (5 Mds en France si l’on décidait de dédoubler l’ensemble des classes de CP et de CE1, 700 millions si l’on s’en tient aux REP et REP +) qu’il invite à cibler uniquement les établissements scolaires en zone prioritaire.