Espérance de vie: c’est le revenu qui compte le plus

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Espérance de vie: c’est le revenu qui compte le plus

Une étude de l’INED assez ancienne (2008) évoquait la « double peine des ouvriers » : davantage d’années d’incapacités au sein d’une vie plus courte. L’étude notait que l’espérance de vie en bonne santé (sans incapacités) était plus courte pour ceux-ci et que, à 35 ans, les hommes cadres supérieurs avaient une espérance de vie de 47 ans, soit 4 années de plus que la moyenne et 6 années de plus que les ouvriers du même âge. L’Insee (Insee première, n° février 2018) publie une nouvelle étude sur ce sujet, plus précise : les hommes qui font partie des 5 % les plus aisés (qui disposent en moyenne de 5800€/mois) ont une espérance de vie à la naissance de 84,4 ans tandis que les hommes qui relèvent des 5 % les plus modestes (470 €/mois) vivent en moyenne 71,7 ans, soit un écart de 13 ans. Pour les femmes, l’écart n’est que de 8 ans. L’espérance de vie augmente mécaniquement avec le revenu mais pas de manière proportionnelle, les personnes arrivant à 1000€ progressant plus par rapport à la tranche inférieure que ceux qui atteignent 2000 ou 3000 €. L’on a longtemps dit que, plus que le revenu, c’était le diplôme qui expliquait ces écarts, ce qui convient bien à l’intuition selon laquelle les personnes éduquées prêtent à leur santé une attention plus grande que les autres ou, simplement, vivent de manière plus saine. L’étude ne corrobore pas totalement cette conviction : selon elle, le critère revenu prévaut. Elle note ainsi que les hommes les plus aisés sans diplômes vivent plus longtemps que les diplômés du supérieur les plus modestes. Enfin, toutes choses égales par ailleurs, notamment en égalisant diverses conditions (sexe, revenus, catégories sociales, diplômes), il existe une différence non expliquée entre l’espérance de vie en Occitanie ou dans les Pays de Loire et celle, inférieure, de l’Ile de France ou des Hauts de France : cette différence marquée pourrait tenir à des habitudes alimentaires, à la pollution, voire à l’offre de soins, en tout cas à des facteurs qui n’ont rien d’individuel et ne sont pas bien cernés.  Pour expliquer l’écart général entre catégories de revenu, les explications données sont plutôt banales : différences liées aux revenus pour ce qui concerne l’accès aux soins et l’exposition aux risques professionnels mais aussi différences liées aux diplômes (ils jouent un rôle) s’agissant des comportements peu favorables à la santé, notamment le tabac. Reste à noter, une nouvelle fois, l’importance des différences sociales de santé dans un pays qui se ressent comme égalitaire : la réflexion (jamais vraiment menée) sur les moyens d’atténuer ces écarts reste à construire.