Circulaire sur la politique de la ville en 2018 : tout ça pour ça?

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Circulaire sur la politique de la ville en 2018 : tout ça pour ça?

On se souvient du discours d’Emmanuel Macron à Tourcoing, le 14 novembre dernier, sur la politique de la ville : appel à une mobilisation nationale, co-construction entre l’Etat et les collectivités de mesures qui doivent figurer dans un « Plan » à publier en février 2018, engagement d’application du « droit commun » aux quartiers dans tous les domaines, y compris celui de la santé, des crèches ou de la sécurité, augmentation des crédits destinés à la rénovation urbaine, promesse de ne plus toucher un euro des crédits destinés aux associations. S’ajoutait l’expérimentation de nouvelles formules d’emplois francs dans une dizaine de territoires et la création d’un Conseil présidentiel de la ville qui devrait se réunir périodiquement à l’Elysée pour vérifier l’avancement du chantier et, en particulier, suivre l’avancement de mesures expérimentales dans des quartiers particulièrement difficiles. Tout était donc fait pour annoncer un renouveau de cette politique. La circulaire qui traduit ces orientations pour 2018 a été publiée le 6 février dernier. Elle est à demi-vide, ou à demi-pleine, c’est selon. Elle rappelle d’abord ce qui est un pilier de toujours de cette politique : l’application du droit commun. Elle précise que des indicateurs simples sont en cours d’élaboration pour vérifier qu’avant de mobiliser des crédits spécifiques, ceux des différents ministères bénéficient bien aux habitants en fonction de leurs besoins. La Cour des comptes s’est en effet régulièrement plainte de l’impossibilité de mesurer, à partir des chiffres fournis, l’engagement réel des différents ministères dans ces quartiers. Deuxième axe, plus nouveau, la priorité donnée à l’emploi et à l’objectif d’une baisse du taux de chômage :  mais les expérimentations sur les nouveaux emplois francs arriveront tard (avril) et ne concerneront qu’un faible nombre de territoires. On s’en tiendra donc en 2018 à une meilleure mobilisation du service public de l’emploi. Les autres recommandations sont, soit très traditionnelles (qu’attendre de nouveau de la reconduction d’actions de formation sur « Valeurs publiques et laïcité » ?), soit très formelles (rappel de l’importance du niveau départemental, réunion annuelle d’un CAR, Comité d’administration régionale, qui regroupe les chefs de service autour du préfet, consacré à la politique de la ville) et n’apportent non plus pas grand-chose. La montagne aurait donc accouché d’une souris ? Pas tout à fait. Une circulaire précédente, en date du 22 décembre 2017, organisait des concertations locales et annonçait des groupes de travail pour dresser la « feuille de route » gouvernementale sur la politique de la ville qui sera prête pour le printemps prochain.  Cela s’appelle de la « co-construction », avec consultation de « conseillers citoyens » et d’habitants dont on attend les idées pour des solutions innovantes ou déjà pratiquées sur le terrain.  Les services déconcentrés de l’Etat doivent quant à eux faire remonter un premier bilan des contrats de ville signés après la loi de 2014, en « 5 pages maximum ». Un hackathon a été organisé pour repérer les problématiques essentielles à affronter et en particulier les freins à l’emploi. Rappelons, pour les ignares, qu’un hackathon est un regroupement de développeurs volontaires décidés à faire de la « programmation collaborative ». Quel symbole, que l’utilisation du langage des start-up dans ces quartiers déshérités ! Il devrait en ressortir quelques projets, dont un espace emploi et une cellule de soutien aux familles en difficulté. Au final, on verra bien si la politique de la ville devient une priorité nationale ou améliore au moins son image ou ses résultats.