Police: suicides et stress

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Police: suicides et stress

Deux articles dans la revue en ligne The conversation des 19 et 20 février sur le stress et les suicides dans la police (48 suicides en 2017, le risque de suicides étant supérieur de 35 % à celui de l’ensemble de la population). La thèse des deux universitaires qui ont travaillé sur le sujet par entretiens est que ces suicides ont des causes privées mais aussi professionnelles. De plus, ils identifient deux facteurs professionnels qui peuvent jouer, le premier lié au métier de police proprement dit, avec son exposition à la détresse humaine et à la violence, et le second plus organisationnel, lié aux caractéristiques et au fonctionnement d’une organisation qui obéit à des procédures souvent bureaucratiques. Paradoxalement, les policiers considèrent que c’est ce dernier aspect qui apporte le plus de stress, parce que le premier leur apparaît comme lié à leur véritable métier (où sont valorisées l’initiative, la réactivité, la souplesse) tandis que le second leur pèse et leur paraît stérile. Enfin, l’article souligne que le stress est le plus souvent traité comme une question individuelle liée à la fragilité de certaines personnes, alors qu’il s’agit d’un phénomène collectif et …contagieux.

En approfondissant le lien entre l’organisation et le management et le stress des policiers, l’étude met l’accent sur plusieurs points d’achoppement : l’application d’un modèle unique d’autorité de la hiérarchie qui ne reconnaît pas bien l’autonomie et la latitude des policiers de terrain, l’évaluation individuelle des agents qui peinent à prouver leur travail propre, et la politique du chiffre qui dévalorise la qualité. Il en ressort des préconisations tendant à mieux mettre en cohérence management et métier : insistance sur la dimension collective et les réunions d’équipe, insistance sur des formations communes des équipes. Pour vaincre le stress, c’est le métier policier qui doit être mis au cœur de l’organisation, pas les procédures ou les résultats individuels.