Enfants pauvres ou familles pauvres?

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Enfants pauvres ou familles pauvres?

La ministre en charge des solidarités, Agnès Buzyn, en présentant, en septembre dernier ses orientations de politique familiale devant le Conseil d’administration de la CNAF, avait insisté sur ses préoccupations quant à la pauvreté des enfants. De fait, les données produites lors du vote de la loi de financement de la sécurité sociale rappellent le niveau inquiétant de la pauvreté des familles : 20 % des enfants sont pauvres (c’est-à-dire vivent dans une famille pauvre) et ce chiffre a augmenté avec la crise (il était de 17,7 % en 2006). Un tiers des familles monoparentales sont pauvres et 39 % des enfants qui vivent dans une telle famille sont pauvres. Pour donner corps à la politique annoncée, un délégué interministériel a été nommé, en novembre 2017, pour lutter contre la pauvreté des enfants et des jeunes et, début 2018, une concertation a été ouverte avec les associations concernées. Les groupes de travail réunis alors ont rendu leur rapport en mars. L’on comprend alors qu’il y a maldonne, au moins pour une part. Quand elle évoque la pauvreté des enfants, Agnès Buzin pense à faciliter l’accès aux modes de garde (le plafond de la prestation « Libre choix mode de garde » qui permet d’atténuer le coût du recours à une assistante maternelle, a été fortement augmenté en 2018 pour les familles monoparentales). Elle pense à l’accès aux droits (simplification des procédures), à la santé scolaire, à la Protection maternelle et infantile, éventuellement à la scolarisation précoce pour compenser les manques liés à un environnement fait de difficultés. Elle pense à l’effort d’intensification de l’accompagnement vers l’emploi dix fois évoqué pour les mères seules au chômage. Les associations quant à elles voient plus large : elles affirment qu’un enfant pauvre vit d’abord dans une famille pauvre et qu’il faut agir sur le système de prestations, notamment sur le niveau du RSA, qu’elles verraient volontiers augmenter pour mieux tenir compte des charges familiales (le RSA augmente avec les enfants mais les prestations familiales en sont pour le plupart déduites). Elles évoquent le rapport Sirugue, qui non seulement proposait d’étendre le RSA aux jeunes mais de l’améliorer et de le « renationaliser », avec, en contrepartie, un contrat passé avec les départements pour qu’ils garantissent le financement d’action d’insertion à hauteur d’un certain pourcentage de la prestation. Elles souhaitent un droit d’accès gratuit à la cantine pour certains enfants. Elles parlent d’un droit opposable à la garde pour les enfants de familles pauvres (la garde de la petite enfance deviendrait un service public d’accès universel). Elles veulent donner un droit à un parcours vers l’emploi à tous les jeunes NEET, les jeunes « décrocheurs » qui ne sont ni en emploi, ni en recherche d’emploi ni en formation. Le plan gouvernemental devrait être annoncé en avril. La seule mesure qui séduit le gouvernement aujourd’hui, c’est l’offre de petits déjeuners gratuits à l’école…C’est plutôt de mauvais augure, mais attendons.