Conclusion des assises de l’Outre-mer

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Conclusion des assises de l’Outre-mer

Sur la situation de l’Outre-mer, il existe un consensus : dans des proportions il est vrai différentes (Mayotte et la Guyane « décrochent » encore davantage), le retard économique et social est patent, le taux d’activité est bas, le chômage important (entre 20 et 25 % pour la Réunion, la Guadeloupe, Mayotte, la Guyane et la Polynésie), la pauvreté très présente. Les économies sont excessivement spécialisées, en concurrence avec des pays dont les coûts sont moindres et le taux de couverture des importations par les exportations est très faible. Les aides de la France et de l’Union européenne, massives, n’ont jusqu’alors pas permis le développement d’une économie locale équilibrée. Des troubles agitent régulièrement certains territoires, avec définition le plus souvent de plans d’urgence qui peinent à faire évoluer des difficultés structurelles. Dans ce contexte, la loi du 28 février 2017 relative à l’égalité réelle outremer a surtout été une loi de principe qui affirmait que les écarts de politiques publiques avec la métropole devaient se réduire. En mai dernier, pour apaiser des émeutes à Mayotte, le gouvernement a adopté un plan de 1,3 Mds visant à renforcer la sécurité et à mettre en place des dispositifs de prise en charge de la santé et de la pauvreté mais aussi à augmenter les constructions d’établissements scolaires, à développer la formation des jeunes et des adultes, à investir dans des infrastructures déficientes et à aider l’économie (zones franches, renforcement des filières pêche et agriculture). Depuis octobre 2017, pour l’ensemble de l’outre-mer, une consultation de la population a été menée sous la dénomination des « assises de l’outremer ». Elle vient de se terminer : il en ressort pour l’instant un « livre bleu outre-mer » avec des orientations stratégiques plutôt floues : l’outre-mer doit être composé de « territoires à vivre et à vivre mieux » (en langage ordinaire, la sécurité doit être mieux garantie et le cadre de vie amélioré), ces territoires doivent être « accompagnés » (ils ont besoin d’argent et d’un ordre juridique particulier), ils doivent être pionniers (il faut mieux répondre aux défis de la zone tropicale) et rayonner. Les chapitres correspondant à ces titres comportent des indications plus précises et, parfois, quelques chiffres. Le discours de clôture des assises prononcé par le Président de la République contenait un appel aux entrepreneurs locaux, promettait un fonds d’intervention économique et la promotion de l’autonomie alimentaire. Reste à attendre une déclinaison opérationnelle par territoire, ce qui lèvera, sans doute ou peut-être, les doutes sur l’utilité de l’exercice. Les départements et territoires d’Outremer ont besoin de formation, d’infrastructures et d’emploi. Mais l’on conçoit bien la difficulté de passer de l’expression d’un besoin à des mesures efficaces. Il ne faudrait pas pour autant trop s’attarder sur les généralités et il serait opportun de passer des nébulosités actuelles   à une mise en œuvre concrète de mesures attendues.