La Cour des comptes a publié, en mai 2018, un rapport sur la formation des demandeurs d’emploi demandé, fin 2016, par la Commission des finances, de l’économie générale et du contrôle budgétaire de l’Assemblée nationale de l’époque. La presse a souvent présenté le rapport comme un bilan (très critique) de l’opération « 500 000 chômeurs formés en plus » (soit un million au total) lancée par le gouvernement Valls, en 2016. Le rapport prend appui sur les failles de ce dispositif (les objectifs quantitatifs ont été atteints, les taux d’insertion dans l’emploi ne se sont pas améliorés toutefois) mais pour en tirer un bilan plus général. Compte tenu du caractère tardif de l’exécution de la commande, le rapport est en partie dépassé : le souhait d’accroître l’autonomie des demandeurs d’emploi sur l’utilisation du Compte personnel de formation, la mise en place effective d’un Conseil en évolution professionnelle (déjà promise en 2014) et la mesure de la qualité des formations, autant de propositions auxquelles répond le projet de loi « avenir professionnel » dit « Pénicaud 2 », qui devrait être promulgué sous peu. Néanmoins, le rapport insiste sur des points de méthode souvent mal identifiés, tant le domaine de la formation professionnelle est vu au prisme de la formation des salariés, alors que les demandeurs d’emploi représentent un public aux besoins spécifiques.
Le rapport recommande d’abord de consacrer des moyens à cet objectif, 10 ans de crise et un chômage de masse ayant dégradé la qualité de la force de travail et les chômeurs ayant, depuis des années, plus de mal que les salariés à accéder à une formation dont ils ont davantage besoin. Il recommande de le faire non pas par à-coups brusques et plans d’urgence focalisés sur les entrées en formation ou sur un retour à l’emploi de court terme, mais par un effort maintenu, programmé sur une période pluriannuelle et visant l’insertion durable dans l’emploi. Il souligne la nécessité de préserver des formations de préparation opérationnelle à l’emploi organisées par les branches ou les entreprises (formations d’adaptation) et insiste sur la nécessité, dans nombre de cas, de définir des parcours de formation, avec au départ, une formation socle et préqualifiante précédant une formation plus opérationnelle. La pédagogie doit inclure des séquences en milieu de travail et des stages. Enfin, l’intervention de l’Etat dans une compétence exercée par les Régions et par Pôle emploi doit se traduire par une convention formelle fixant les secteurs prioritaires de formation, les modalités, la population cible, les moyens retenus. Enfin, la Cour recommande de prêter attention aux enjeux de gestion : système d’information, en particulier système d’aide à la décision, soin apportée à la commande publique de formation et à l’examen des critères de qualité.
L’engagement du gouvernement actuel étant de dynamiser l’offre de formation professionnelle aux demandeurs d’emploi ou aux personnes faiblement qualifiées, il sera aisé de mesurer dans les années qui viennent si les recommandations de bon sens du rapport (dont certaines se retrouvent déjà dans la loi) seront appliquées à un secteur qui a grand besoin de définir une politique de long terme et de mesurer de manière tangible l’efficacité de son action.