Ined-Actu, la lettre de l’Institut national d’études démographiques, publie en août 2018 une nouvelle exploitation de l’enquête 2012 sur les SDF en France. L’enquête, dont les premiers résultats ont été publiés en 2013, s’est révélée être une mine de renseignements : elle a d’abord compté les SDF (définis comme les personnes ayant passé la nuit précédant l’enquête dans un service d’hébergement, une chambre d’hôtel loué par celui-ci ou dans un lieu non prévu pour l’habitation). Ils étaient alors 141 000, soit 50 % de plus que lors de la précédente enquête de 2001. L’enquête a révélé qu’un quart des SDF francophones travaillaient, dans des conditions difficiles, que la majorité avait connu des événements douloureux dans l’enfance et qu’un sur 4 a été pris en charge par l’Aide sociale à l’enfance. Plus surprenant, un sur dix était diplômé du supérieur. Une des dimensions de l’enquête, signalée dès le départ, avait été peu étudiée : 40 % des personnes privées de logement sont immigrés et 19 % enfants d’immigrés. L’enquête souligne que cette qualité influence la prise en charge et donc les perspectives de réinsertion : les hommes ont plus de chances de n’être pas pris en charge et de dormir dans la rue et les femmes d’être accueillies dans des structures de simple hébergement sans effort d’insertion. Cependant, l’étude différencie les migrants arrivés depuis plus de 3 mois (pour une part au moins, leur situation d’ensemble s’améliore par la suite), ceux arrivés depuis moins de 3 mois (leur situation est bien plus précaire), ceux qui ont perdu leur logement (leur prise en charge est moins favorable que pour la population majoritaire qui, pourtant, leur ressemble) et les enfants d’immigrés, marqués par de graves difficultés. Et l’on n’était alors qu’en 2012, avant les vagues migratoires de 2015 et 2016…