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Des retraités sacrifiés, vraiment?

Préoccupé par la grogne des retraités sur l’augmentation de la CSG, le premier ministre vient d’annoncer que seuls les retraités dont les revenus se situent, deux ans de suite, au-dessus du seuil fiscal d’application de la CSG au taux plein (14 404€ pour une personne seule) auront, à partir de 2019, à payer l’augmentation de la CSG mise en place en 2018. Rappelons en effet le dispositif : la CSG est la seule contribution sociale qui touche les retraites, si l’on excepte les contributions de solidarité comme le prélèvement destiné à rembourser la dette sociale et la contribution additionnelle de solidarité pour l’autonomie, qui alimente les ressources de la CNSA (caisse nationale de solidarité pour l’autonomie) et va au risque dépendance. Cette contribution finance leur assurance maladie. De plus, pour eux, la CSG n’est pas au taux ordinaire : alors que depuis 2018, le taux est pour les revenus d’activité de 9,1 %, il est pour les retraités les mieux nantis de 8,3 %, de 3,8 % pour ceux dont le revenu fiscal ne dépasse   pas 14 404€ et nul pour les retraites les plus faibles, égales ou inférieures à 11 018€, qui sont en outre exonérées de tout autre prélèvement.  Certes, lors de la revalorisation du taux de CSG de 2018 (+1,7 point), les retraités dont la retraite dépasse 14 404€ y ont perdu puisqu’ils ont subi l’augmentation plein pot, alors que celle des actifs a été annihilée par la suppression de la cotisation salariale maladie et la réduction de la cotisation chômage. A revenus égal à celui d’un actif (le taux est alors de 9,1 % dans tous les cas), ils sont encore gagnants. Une nouvelle mesure aujourd’hui soulève des protestations : en 2019, les pensions de retraite seront peu revalorisées (+ 0,3 %), moins en tout cas que l’inflation constatée en 2018, comme les aides au logement et comme les allocations familiales. Les retraités protestent encore et se jugent « sacrifiés ». Restent des constats difficilement récusables : l’Insee vient de publier le taux de pauvreté des retraités en 2016, qui est de 7,4 % versus 14 % pour l’ensemble de la population, 20 % pour les enfants et les jeunes de moins de 18 ans, 34,8 % pour les familles monoparentales et 38,3 % pour les chômeurs. Conclusion : les retraités ne sont pas sacrifiés, les petites retraites payent moins de cotisations sociales qu’un revenu d’activité de même montant, la fiable revalorisation de 2019 pénalise davantage les familles et les personnes modestes. Au final, il faut perdre l’habitude d’assimiler pauvres et retraités.