Délinquance : que disent vraiment les chiffres?

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Délinquance : que disent vraiment les chiffres?

Le Ministre de l’Intérieur a présenté en septembre les chiffres d’évolution de la délinquance depuis le début de l’année. Les commentaires sont ensuite allés bon train : mauvais sur les atteintes à l’intégrité physique, les coups et blessures volontaires ou les violences sexuelles, qui augmentent, le « bilan » du ministre serait bon sur les vols et les atteintes aux biens qui diminuent. Or, les statistiques relatives à la délinquance mériteraient d’être resituées dans un cadre pluriannuel. De fait, les conclusions des « bilans statistiques de l’insécurité et de la délinquance » sont identiques depuis des années : plus de violences physiques et sexuelles, moins de vols ou, certaines années, stabilisation. Ces évolutions à vrai dire tiennent moins à l’action d’un ministre ou à celle des forces de l’ordre qu’à des évolutions sociétales, qui peuvent d’ailleurs fausser la mesure, car la propension à porter plainte tient aussi à l’efficacité de cette démarche, ce qui peut expliquer que certains vols ne soient pas déclarés. Il faudrait en tout cas se garder d’avoir de ces évolutions une lecture politique de court terme. De plus, la source des données produites est l’enregistrement des crimes et délits par la police et la gendarmerie, que le nouveau service statistique du ministère s’efforce de rendre fiable et cohérent, ce qui, avant 2014, n’était pas le cas. Pour autant, les experts sont unanimes à penser qu’une autre source, les enquêtes de victimation réalisées annuellement par l’Insee, sont plus complètes et plus fiables : on y voit que les agressions à caractère sexuel sont peu ou mal déclarées, de même que les cambriolages (55 %) ou les vols sans effraction (25 %) tandis que les vols de voiture le sont presque tous (l’assurance exige un dépôt de plainte). L’enquête offre de plus des informations plus riches sur le contexte social et géographique de la délinquance, le taux d’échec des agresseurs ou des voleurs…A quand une exploitation publique et de long terme de ces données ?