Seniors: là aussi des ni ni, ni en emploi ni en recherche d’emploi ni en retraite

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Seniors: là aussi des ni ni, ni en emploi ni en recherche d’emploi ni en retraite

Traditionnellement, les données publiées à intervalle régulier sur les seniors sont plutôt positives, voire satisfaites : le taux d’emploi de cette classe d’âge, traditionnellement bornée entre 55 et 64 ans, augmente régulièrement et, peu à peu, les effets des politiques menées depuis les années 80 s’estompent (préretraites des seniors puis dispense de recherche d’emploi sous condition d’âge). Longtemps évincés du marché du travail, les seniors y reviennent doucement. Un Insee-Focus paru en juillet 2018 rappelait l’évolution sur la période 2007-2017 : en 10 ans, le taux d’emploi des 55-59 ans a augmenté de 17 points et celui des 60-64 ans de 13,5 points. Cette amélioration (obtenue par la suppression des préretraites publiques et de la dispense de recherche d’emploi et, surtout, par le recul de l’âge de la retraite à partir de 2010), ne doit pas cacher que les niveaux d’emploi restent médiocres, surtout pour la tranche 60-64 (29,2%), moins pour les 55-59 (72,4%). De plus, l’Insee mettait l’accent, en juillet 2018, sur le fait que les seniors étaient, davantage que le reste de la population, exposés au temps partiel (30 % chez les 60-64 ans) et, davantage qu’auparavant, aux emplois précaires. Le tableau s’assombrit encore un peu plus avec le numéro d’Etudes et résultats de la DREES (septembre 2018) sur cette population : en élargissant les bornes d’âge de 53 à 69 ans, parce le taux d’emploi commence à baisser à 53 ans et qu’il existe des personnes qui retardent au maximum la liquidation de leur retraite largement après 62 ans, la DREES comptabilise 1,4 million de seniors qui ne sont ni en emploi ni en retraite et vivent de minima sociaux ou, parfois, des revenus du conjoint. Le nombre important est lié aux difficultés d’emploi qui s’amplifient après 50 ans (le chômage après cet âge reste durable) et au recul de l’âge plancher de la retraite. Ces personnes sont peu nombreuses à rechercher un emploi (11 % seulement sont demandeurs d’emploi au sens du BIT même si 25 % sont inscrits à Pôle emploi). Moins diplômée que la population d’ensemble, composée à 66 % de femmes, cette population vit, pour un tiers environ, en dessous du seuil de pauvreté. Elle a peu de chances de sortir de cette situation intermédiaire avant plusieurs années. Nous payons toujours le prix des politiques publiques des décennies précédentes, ou, du moins, les entreprises ont gardé l’habitude de se séparer de certains seniors qui restent alors dans une transition longue et difficile entre l’emploi et la retraite.