LRM : sous le microscope des politistes

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LRM : sous le microscope des politistes

La fondation Jean Jaurès a voulu établir le portrait d’une catégorie particulière des « macronistes », les sympathisants (pas les adhérents) de La République en Marche (LRM), tandis que, parallèlement, Terra Nova publiait une étude des adhérents, plus fouillée. Les sympathisants forment une couronne autour du noyau adhérent présente dans tous les partis mais pas plus nombreux qu’ailleurs à LRM (14% de la population), alors que la LRM a réuni, en 2017 du moins, davantage de votes. Les deux études montrent (c’est logique) des points de convergence, dont le premier est la catégorie socioprofessionnelle : les personnes concernées sont majoritairement diplômées, aisées, un peu plus souvent habitants des grandes aires urbaines et, pour les adhérents, plus jeunes que dans les autres formations politiques. Autre point commun : un attachement au chef ou, du moins, à la personne du Président et peu d’états d’âme sur le bilan. LRM est un parti « personnel ». Enfin, de manière générale, les marcheurs sont des « libéraux », favorables à l’économie de marché et aux entreprises en termes économiques mais ouverts sur les questions de société. Les sympathisants sont ainsi confiants envers les entreprises, se définissant comme à la fois français et européens, accordant une moindre importance à la protection sociale, plus indifférents à la redistribution, persuadés aussi majoritairement que la démocratie fonctionne bien. Ils ont des opinions tolérantes sur l’homosexualité, sont hostiles à la peine de mort mais leurs positions sont plus contrastées sur les immigrés et la dangerosité de l’Islam et, sur ces deux points, ils se situent entre la gauche et la droite. La conclusion est que les sympathisants, unis sur leurs choix économiques et sociaux, le sont un peu moins sur les questions de société. Ils sont et de droite (sur l’économique et le social) et de gauche, sur l’Europe, la démocratie et certaines questions sociétales. L’étude considère aussi que, pour le Président de la République, ces sympathisants sont une force (ils ont une identité) et une faiblesse (ils ne sont pas représentatifs de la population).

Si l’on passe aux adhérents, le portrait présente quelques différences mais va surtout plus loin : ceux-ci sont concentrés géographiquement sur 5 régions et ont un niveau de qualification particulièrement élevé, tout comme leurs revenus.  Ils sont satisfaits de la manière dont fonctionne la démocratie et pensent pouvoir agir sur le système. Ceux qui se disent à la fois de droite et de gauche sont les plus confiants dans le système, la minorité « ni de droite ni de gauche » est plus réservée sur le fonctionnement politique. Les marcheurs voient la gauche plus à gauche qu’elle n’est et la droite plus à droite également : ils s’estiment entourés de « radicaux » dont ils seraient éloignés, se voyant plus au centre. Libéraux comme les sympathisants, ouverts sur les questions sociétales comme eux, ils sont majoritairement favorables à la réduction des fonctionnaires, tout en étant plus sensibles que les sympathisants aux thèmes de l’éducation et de l’égalité des chances. Ils mentionnent également l’écologie dans leurs fortes préoccupations. L’étude considère cependant que cette unité d’ensemble n’est pas totale : elle les sépare en familles selon leur tendance à l’ouverture ou au conservatisme et leur polarisation gauche ou droite, distinguant les progressistes libéraux, les progressistes égalitaires, les conservateurs libéraux et les modérés libéraux. Le cœur (les plus jeunes, les plus aisés, les plus diplômés) est cependant formé de progressistes libéraux, de personnes ouvertes mais économiquement et socialement libérales.  Enfin, ces membres actifs du parti présidentiel sont intéressés par leur appartenance au parti mais plus réservés sur la démocratie interne de LRM et sur leur utilité propre dans la transmission aux dirigeants des demandes de la population. L’étude conclut là aussi sur les forces (les marcheurs constituent une communauté sociologique formée d’insiders, unie sur l’adhésion à un leader et sur certains thèmes (l’Europe, le libéralisme, l’ouverture sociétale, qui voient les autres partis comme des radicaux) et sur les faiblesses ( ils recouvrent un éventail idéologiquement plus diversifié que le PS ou les Républicains et sont plus dubitatifs aussi sur le fonctionnement de leur propre parti dont un enjeu serait l’institutionnalisation).