Vers des métropoles-départements?

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Vers des métropoles-départements?

L’assemblée des départements de France organise le 17 octobre prochain une rencontre sur les enjeux de la relation entre les métropoles et les départements. Le contexte est sensible, après l’annonce, cet été, de « contacts » entre 5 Présidents de métropoles (Toulouse, Nantes, Lille, Bordeaux, Nice) et les plus hautes autorités de l’Etat pour envisager, sur le territoire métropolitain, une fusion entre la métropole et le département, en clair, pour donner alors à la métropole, sur ce territoire, les compétences du département. Le projet, inspiré par la situation lyonnaise, seule métropole à avoir le statut de collectivité (et non d’EPCI) et à exercer l’intégralité des compétences départementales, figurait dans le programme du candidat Macron. Les modalités ne sont pas arrêtées (certains présidents de métropole commencent à négocier sur les conditions financières de la fusion) mais une conséquence est claire : le département sera, dans ce cas, marginalisé, réduit à une collectivité purement rurale et souvent territorialement résiduelle. Les élus départements y voient donc un risque accru de coupure entre les territoires métropolitains aisés (urbains et périurbains) et des espaces ruraux qui se plaignent d’un accès plus difficile aux services et de moindres ressources. Ils y voient aussi, à terme, un risque de disparition des départements, au moins de ceux qui comportent une grande métropole. D’ores et déjà, il serait question de faire disparaître certains départements où les métropoles occupent quasiment tout l’espace, comme les Bouches du Rhône ou, dans le cadre particulier, il est vrai, de la création du Grand Paris, les départements des Hauts de Seine, de Seine Saint Denis ou du Val de Marne. Le gouvernement plaide d’abord pour le principe du droit à la différence selon les collectivités. Il argumente aussi sur une meilleure efficacité, la réduction des coûts (sans doute sur les services supports, comme la gestion du personnel ou le budget), une meilleure proximité avec la population de la métropole, appelée à s’intéresser aux collèges, aux routes et aux aides sociales, enfin une meilleure solidarité entre villes centres et périphéries. En réalité, le combat va être placé sur le terrain « ville contre ruralité » (vu leur mode d’élection, les Assemblées départementales représentent d’ores et déjà surtout les territoires ruraux), peut-être sur celui de la simplification versus l’empilement des structures. Surtout, il sera vécu comme la suite du match engagé depuis quelques mois, un combat entre un pouvoir central présenté comme voulant imposer unilatéralement sa rationalité et des élus de base qui se pensent indispensables à la population et veulent continuer à exister.