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Pratique avancée des infirmiers : les cursus de formation démarrent

Le Monde Campus signale, en octobre, la mise en place, dans diverses universités, de masters accrédités pour conférer le titre « d’infirmiers en pratique avancée » prévu par la loi santé du 26 janvier 2016. Comme il faudra deux ans pour que la première promotion de ces infirmiers soit diplômée, les premiers prendront leur poste en 2020. Il aura donc fallu 15 ans pour que cette réforme, essentielle pour prendre en charge les malades chroniques, aboutisse puisque les premières expérimentations datent du début des années 2000. Inspirée par les pays anglo-saxons où les paramédicaux ne sont pas de simples exécutants de prescriptions médicales mais des acteurs du parcours de soins (dans un cabinet anglais, la première consultation est souvent menée par un infirmier), la réforme permet à ces personnels d’exercer des responsabilités propres sous supervision médicale, en particulier le suivi des malades chroniques et le renouvellement de certaines prescriptions. Son histoire est longue : après des expérimentations positives, la loi HPST a mis en place la possibilité d’une « délégation d’actes » des médecins : la lourdeur du dispositif de délégation a rendu cette disposition inopérante. La loi du 26 janvier 2016 autorise alors les auxiliaires médicaux, après obtention d’un diplôme spécifique, à exercer « en pratique avancée », jouant un rôle proche de celui du médecin dans l’évaluation clinique, le suivi des malades ou certaines prescriptions. L’objectif est d’épargner du temps médical (notamment dans les déserts médicaux) et surtout d’améliorer la qualité des soins : la présence d’un personnel infirmier, plus accessible et moins contraint, permet de prêter attention à la prévention et à l’éducation thérapeutique. Pour autant, le décret définissant les actes de pratique avancée et le contenu des diplômes est paru tardivement, à l’été 2018, plus de 2 ans après la loi. Il fixe un périmètre encore étroit (pathologies chroniques stabilisées, oncologie, maladies rénales…), limite l’accès au diplôme requis aux infirmiers en formation continue, après 3 ans de pratique au moins, et réserve au médecin le diagnostic de départ, même si, ensuite, l’infirmier peut assurer la totalité de la prise en charge.  Pourquoi un tel retard en France par rapport aux autres pays, qui utilisent pleinement les compétences paramédicales? Au fond, parce que les médecins n’y sont pas favorables. Ils se plaignent de leurs conditions de travail, mesurent les insuffisances de leur pratique, refusent de s’installer en zone peu densément peuplée mais   acceptent mal que certains actes médicaux puissent relever d’une profession jusqu’ici vouée à l’obéissance. Peut-être même n’est-ce pas encore le cas ? Le récent plan santé mobilise de l’argent public pour doter certains médecins d’assistants médicaux qui, formés en un an, ne seront guère utiles que pour le secrétariat. Les vrais besoins sont ailleurs. Qui utilisera pleinement les infirmiers ? Et quelle sera leur rémunération ? L’avenir le dira.