Grandes aires urbaines : toujours démographiquement dominantes

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Grandes aires urbaines : toujours démographiquement dominantes

Le numéro d’Insee Focus du 27 décembre 2018 s’intéresse à la croissance démographique de la France de 2011 à 2016, qui, par rapport à la période précédente (2006-2011) connaît un très léger fléchissement (passant d’une croissance annuelle moyenne de 0,5 % à 0,4 %). Cette légère réduction se retrouve dans la quasi-totalité des régions, à l’exception de 3 d’entre elles, où le taux de croissance antérieure se maintient, aux profils démographiques d’ailleurs fort différents : parmi elles, Auvergne Rhône Alpes, à la croissance démographique forte, connaît un taux d’accroissement naturel élevé et un solde migratoire interne élevé, PACA équilibre ces deux taux mais à un niveau bien plus faible et les Hauts de France conjuguent un fort taux d’accroissement naturel et un solde migratoire déficitaire. De manière plus fine, la population diminue dans 24 départements, dont Paris (qui a depuis longtemps cessé d’être attractif) et dans des départements déjà faiblement peuplés situés de la « diagonale du vide » (allant des Ardennes au Lot), où les cartes établies par le démographe Hervé Le Bras montraient récemment une forte concentration de « gilets jaunes ». Les grandes aires urbaines (rappelons qu’elles regroupent des pôles urbains et une couronne périurbaine plus ou moins large) sont, quant à elles, toujours les moteurs de la croissance démographique : cependant, elles le sont de manière différente de la période précédente, puisque la croissance des couronnes périurbaines des grands pôles, tout en restant 2 fois plus forte que la croissance au niveau national, faiblit nettement (+ 0,8 % au lieu de + 1,2%) tandis que celle des grands pôles remonte un peu (de + 0,3 à + 0,4%). Comme auparavant, la situation est contrastée entre les grandes aires : celles de la façade atlantique, du Sud-ouest et de l’est Rhône-Alpes connaissant une croissance vive, tandis que certaines grandes aires du nord et de l’est, dans les anciennes régions industrielles, perdent de leur population. Quant aux territoires en dehors des grandes aires urbaines, ils restent tous à l’écart de la croissance démographique et perdent leur population, notamment les petites et moyennes aires et les zones dites de « rural isolé ». Les économistes et démographes soulignent couramment qu’il faut résister à la tentation d’opposer les grandes aires urbaines et une « France périphérique » qui n’existe pas, tant est grande l’hétérogénéité des situations. De fait, les grandes aires sont diversement dynamiques, et cela vaut pour l’économie comme pour la démographie ; de plus, dans ces aires, les zones périurbaines sont elles aussi très diverses socialement, certaines très aisées, d’autres nettement moins, notamment dans le périurbain lointain où s’installent les habitants plus modestes, avec une dépendance accrue à la voiture. Pour autant, la carte de la démographie révèle certaines fractures : l’on est certain grâce à elle que les départements de l’est et du centre ou les petites et moyennes aires urbaines sont concernés par une raréfaction des services et souvent une faiblesse économique.