Barème des territoires, la faute à Paris

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Barème des territoires, la faute à Paris

L’association « Villes de France », qui regroupe des élus de villes « moyennes », entre 15 000 et 100 000 habitants, a réalisé, avec la Banque des Territoires (la Caisse des dépôts et consignations), une étude reposant sur les réponses à 36 questions posées à 4 groupes d’habitants différents, vivant dans des zones rurales, des villes moyennes, des métropoles ou Paris et sa première couronne. Les questions portaient sur la perception des avantages et des inconvénients des divers territoires et l’attachement des habitants à leur cadre de vie. Les résultats sont sans surprises : les villes moyennes sont ou paraissent plébiscitées, et c’est là, selon le commentaire, que les Français aimeraient tous vivre (ou presque). L’étude force malgré tout quelque peu l’interprétation des résultats : ainsi 87 % des habitants de villes moyennes trouvent leur environnement agréable (seulement 62 % des habitants de la Région parisienne) mais 86 % des habitants des métropoles sont aussi très satisfaits…87 % des habitants des villes moyennes jugent qu’elles sont adaptées aux familles…mais 87 % aussi de ceux des métropoles. La satisfaction sur l’offre de services en revanche faiblit en milieu rural et dans les villes moyennes, ces territoires sont moins attractifs en termes d’emploi et les centres des villes moyennes meurent…Le commentaire conclut que les habitants des classes moyennes font confiance à leurs élus pour y remédier mais à vrai dire, à bien lire les résultats, c’est vrai partout: c’est de ses élus que la population attend des solutions, d’une manière générale. L’enquête évoque ensuite les « chouchous » des politiques publiques que seraient les métropoles, ce qui expliquerait qu’elles soient en tête de la satisfaction dans tous les domaines de services, transports, culture, santé…mais malgré tout en difficulté (ouf !) dans deux domaines, le logement et la sécurité.

Une telle étude est désolante : non pas seulement parce qu’elle enfonce des portes ouvertes en montrant que les villes moyennes souffrent alors que leurs habitants leur trouvent des qualités. Mais, en opposant les territoires les uns aux autres, en tablant sur la défiance envers « Paris » qui « chouchouterait » les métropoles (sans bonnes raisons ?) et sacrifierait (sans scrupules) le reste du territoire, en tirant vers des conclusions abusives des chiffres plutôt partagés, voire équilibrés, entre villes moyennes et métropoles, en soulignant aussi le rôle des élus qui ont commandité l’étude et la grande confiance que leur porterait la population, , l’étude ne fait pas œuvre pédagogique : loin de renvoyer les territoires à leur capacité d’initiative pour trouver des solutions, éventuellement avec l’aide de l’Etat voire l’appui de la métropole voisine, elle encourage les habitants « sacrifiés » dans une amertume stérile. Les villes moyennes devraient avoir, pour s’en sortir, une vision moins manichéenne et plus positive.