La France, partie prenante des traitements inhumains envers les migrants?

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La France, partie prenante des traitements inhumains envers les migrants?

Lors d’un récent point de presse, le Ministère des armées a annoncé la cession à la Libye de 6 embarcations marines « dans le cadre du soutien de la France aux efforts de la marine libyenne pour lutter contre l’immigration clandestine ». La nouvelle laisse sans voix : parmi les mille témoignages de rescapés ou de simples témoins sur le traitement réservé aux migrants en Libye, l’on se souvient de celui des migrants ramenés en Libye par un bateau commercial et refusant de débarquer à Misrata : « Une fois à terre, ils nous tueront ». Les rapports de Human Right Watch, de Médecins sans frontières et de l’ONU (dans une récente mission en Libye) sont éloquents : conditions de détention abjectes, tortures, violences de toutes sortes, voire esclavage. Ramener des migrants en Libye, ce n’est pas lutter contre l’immigration irrégulière. C’est violer le droit international (les ports de Libye ne sont pas « sûrs »), le droit d’asile (il y a dans ces foules maltraitées des demandeurs d’asile) et, tout simplement, le droit des gens. Certes, la lecture du récent livre de l’ancien directeur de l’OFPRA (« Au fil de l’asile »), qui évoque « les dénis du droit d’asile » en France, le maintien volontaire de mauvaises conditions d’accueil pour empêcher les « appels d’air » et le cynisme de ceux qui veulent simplement faire baisser les chiffres, nous montre que les violations du droit existent partout. Mais en Méditerranée, après la fermeture des ports et la cessation des secours en mer, l’aide aux garde-côte libyens en imitation de l’Italie, c’est trop.