Le Chlordécone est bien cancérogène

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Le Chlordécone est bien cancérogène

En 1972, après avoir été interdit 3 ans plus tôt pour sa toxicité, le pesticide Chlordécone a été de nouveau autorisé en France, autorisation renouvelée en 1981. Il a été massivement utilisé dans les bananeraies d’outre-mer, notamment aux Antilles, jusqu’en 1993 (il est interdit dès 1990 en métropole), alors que l’OMS l’a classé comme perturbateur endocrinien neurotoxique, reprotoxique, cancérogène possible en 1979 et qu’il a été interdit aux Etats-Unis dès 1977. Le produit est accusé de longue date, par les médecins locaux, de provoquer des cancers de la prostate, sachant que la Martinique, où la population est fortement contaminée, connaît un nombre de cancers de ce type anormalement élevé. Depuis lors, un arrêté de 2008 a défini des seuils de contamination au-delà desquels certains produits ne peuvent être vendus mais les pouvoirs publics ne veulent pas reconnaître le caractère cancérogène du produit, comme le Président de la République en a fait lui-même la démonstration, acceptant, lors du Grand débat, de reconnaître sa nocivité mais refusant de reconnaître qu’il provoquait des cancers, « pour ne pas alimenter les peurs ». La revue « International Journal of cancer » vient de publier une nouvelle étude de deux chercheurs de l’INSERM, venant après une autre publiée en 2010 et qui faisait déjà le lien entre Chlordécone et cancer de la prostate : l’étude indique, après un suivi de 6 ans de personnes atteintes, que le Chlordécone n’augmente pas seulement le risque de développer un cancer mais influence l’avenir de la maladie quand elle est déjà installée. L’exposition au produit multiplie les risques de récidive de cancer de la prostate par 3. Reste à assumer ce qui relève d’un très vieux scandale sanitaire. Nier est en tout cas peu approprié et peu responsable.