Espérance de vie : expliquer le ralentissement

Contribution climat énergie, le retour
7 avril 2019
Lieux privatifs de liberté: les droits fondamentaux ne sont pas respectés
14 avril 2019

Espérance de vie : expliquer le ralentissement

La revue de l’INED (Institut national des études démographiques), Population et sociétés, publie en mars 2019 un numéro consacré au ralentissement de l’espérance de vie : celui-ci s’interroge sur les causes de ce phénomène. Il rappelle d’abord que, compte tenu du vieillissement de la population, le nombre des décès augmente et, en 2018, pour la première fois depuis 1945, a dépassé 600 000. Il note ensuite que, depuis 1950, en moyenne, l’espérance de vie, qui atteint aujourd’hui 79,5 ans pour les hommes (en position assez médiocre en Europe) et 85,4 ans pour les femmes (très bien classées dans l’Union), a augmenté en moyenne de 3 mois par an. Cependant, depuis 5 ans, la progression ralentit, atteignant, sur cette période, 0,7 an pour les hommes et 0,4 an pour les femmes. Même si ces trois dernières années, des épidémies de grippe ont frappé notamment la population âgée, l’explication ne peut se trouver là. Selon l’auteur (le démographe G. Pison), la cause est plutôt à chercher dans l’évolution des pathologies dont la réduction expliquait, jusqu’ici, la hausse de l’espérance de vie. Il note que cette hausse s’expliquait dans les dernières décennies, d’abord par les victoires obtenues sur les maladies infectieuses, puis par les progrès réalisés sur les maladies cardio-vasculaires (surtout) et sur le cancer (dans une moindre mesure). Si l’espérance de vie baisse, c’est peut-être le signe de l’épuisement des progrès effectués pour soigner les maladies cardiovasculaires. Ne resterait alors que les effets de la réduction de la mortalité due au cancer : or, la mortalité par cancer continue certes à baisser pour les hommes mais a cessé de diminuer pour les femmes, davantage touchées par les cancers liés au tabac parce qu’elles ont commencé à fumer massivement il y a 30 ou 40 ans. Telles seraient donc les pistes d’explication. L’INED rapproche le cas français du cas suédois, danois, allemand, pays dans lesquels un même ralentissement se constate. Il montre que la Suède est passée il y a quelques années par la situation aujourd’hui connue par la France, parce que les Suédoises ont commencé à fumer plus tôt. Aux Etats-Unis, où l’espérance de vie baisse, l’explication tient à plusieurs facteurs : le tabac mais aussi l’obésité et l’excès d’opioïdes, ainsi qu’un système de santé défaillant. De toute façon, dit la note, à plus long terme, les moyens de contenir le cancer épuiseront leur efficacité et il faudra que le relais soit pris par la réduction d’autres pathologies, dont la maladie d’Alzheimer et de Parkinson, du moins si l’on veut que l’espérance de vie continue à augmenter.