Débattre de la gestion des déchets radioactifs, c’est possible

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Débattre de la gestion des déchets radioactifs, c’est possible

La 5e édition du PNGMDR (plan national de gestion des matières et déchets radioactifs) est en préparation (et en débat) jusqu’en septembre 2019. C’est la première fois qu’un tel plan, actualisé tous les deux ans, est soumis à débat public sous l’égide de la Commission nationale du débat public. A première vue, le dossier du maitre d’ouvrage laisse perplexe : 5 grandes questions sont identifiées, la gestion des matières radioactives et les perspectives de leur valorisation, l’anticipation des besoins d’entreposage (sachant que les piscines de La Hague sont utilisées, fin 2017, à 94 %), la gestion des déchets de faible activité et le projet Cigeo de Bure, destiné à stocker en profondeur des déchets parfois hautement radioactifs. Exemple des questions posées pour ce dernier dossier : « Comment mettre en œuvre le principe de réversibilité de l’entreposage profond et celui d’une phase industrielle pilote (demandée dans une enquête publique préalable pour vérifier la conformité de l’installation avant mise en usage) » ? ou « Comment prendre les décisions de fermeture des alvéoles de stockage » ?  Le grand public (à vrai dire 99,99 % de la population) n’a rigoureusement aucune idée sur des questions pareilles, dès lors que personne ne décode pour lui la question. Miracle de la préparation d’un grand débat, figure dans les dossiers transmis un petit bijou, « Clarification des controverses techniques », établi par des associations de défense de l’environnement et des entreprises (EDF, le CEA, Orano) qui se met à parler normalement : ainsi, parmi les principales questions posées, se pose celle du recyclage (unique ou répété) du combustible utilisé. Pour l’instant, selon les méthodes de calcul, de 1 à 10 % des matières sont retraitées. L’option est de choisir entre l’absence de recyclage, le recyclage unique et le multirecyclage. Quelques pages courtes suffisent à exposer les avantages et les inconvénients des diverses solutions.  De même, pour le stockage des déchets de forte radioactivité et de vie très longue s’opposent deux options : le stockage géologique profond et un entreposage sous la surface, pérenne mais provisoire, dans l’attente de propositions des chercheurs pour réduire la radioactivité. Les débats sont placés sur un plan technique et les développements s’opposent clairement, brièvement et de manière pédagogique, en éclairant les enjeux de toute sorte. On tire de cette expérience plusieurs conclusions, sans doute assez plates mais précieuses : on peut entrer dans des problématiques obscures, absconses, inaccessibles, par la controverse, à condition que son exposition soit régulée pour la rendre claire. Les experts connaissent les enjeux et il suffit de leur demander de les exposer le plus simplement possible. Quant aux dossiers des maitres d’ouvrage, leurs questions sont de fausses questions auxquelles le public est censé répondre « Faites au mieux, c’est vous qui savez ». La note sur les controverses techniques montre que ce « one way » est fallacieux : il existe toujours une ou des alternatives et il suffit alors de comparer les arguments.