OCDE : quel avenir pour le travail?

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OCDE : quel avenir pour le travail?

L’OCDE lance une publication bizarre sur l’avenir du travail, qui, sur leur site, prend l’allure de quelques graphiques chocs, avec vidéos de témoignages et appel à donner son avis. Le message est, de fait, assez simple, même si l’on est un peu désarçonné par la méthode qui assène des chiffres globaux alarmistes en abandonnant le ton de l’analyse précise. L’étude entend alerter les pays sur les mutations qui les attendent : vieillissement de la population active, automatisation des tâches qui vont concerner 14 % des emplois dans l’OCDE, 32 % étant en outre susceptibles d’être profondément modifiés, polarisation de l’emploi (augmentation des emplois très ou peu qualifiés, diminution des emplois intermédiaires), impact sur les jeunes, même ceux qui sortent de l’enseignement supérieur. Les remèdes tiennent à une meilleure formation des adultes et à une attention portée à la protection sociale, notamment celle des non-salariés et des travailleurs qui se situent dans la zone floue ente le salariat et le statut d’indépendant.  Jusque-là, l’étude est sans doute globalement exacte sans être très innovante, même si le fait d’asséner des pourcentages d’emplois automatisables inquiète quand on connaît les hésitations des experts sur ces prédictions (certaines études ont annoncé la disparition de près de 50 % des emplois avant que des travaux plus sérieux abaissent considérablement le risque, le plus souvent aux alentours de 10 % des emplois) et même si l’on sait que les conséquences sur la polarisation des emplois varient fortement selon les pays.  La fiche consacrée à la France est particulièrement alarmante mais donne le sentiment d’être schématique, sinon caricaturale. Ce n’est pas qu’elle soit fausse, même si les chiffres cités surprennent : elle souligne les évidentes faiblesses de l’emploi en France, importance du sous-emploi (chiffré à 9 % alors que l’Insee donne un chiffre de 6 % de la population active occupée), dualisation du marché du travail (la part des emplois temporaires est indiquée à 17 %, l’Insee les mesure à 13,5 % de l’emploi salarié et ce serait moins en termes d’emploi total), affaiblissement syndical (un taux de 7,9 % de syndicalisation est indiqué contre 17 % dans l’ensemble de l’OCDE alors que la DARES chiffre le taux de 11 % dont, il est vrai, 8,7 % dans le secteur privé), faible participation  annuelle des adultes à la formation (31,6 % contre 40 % dans l’OCDE, sachant que l’on ne sait pas comment ce chiffre a été calculé, les chiffres officiels évoquant 43,5 % pour les seuls salariés dans les entreprises de plus de 10 salariés). L’OCDE affirme en tout cas que les emplois appelés à disparaître en France du fait de l’automatisation sont plus nombreux qu’ailleurs (16,4 % contre 14 %), un tiers étant de plus appelé à être impacté de manière importante. Elle annonce que les inégalités devant l’emploi sont appelées à augmenter et que la qualité des nouveaux emplois appelés à remplacer les anciens doit « être questionnée ». Elle recommande de limiter les contrats courts et d’améliorer la formation professionnelle. Que conclure d’une telle lecture ? Rien n’est totalement faux, tout paraît superficiel et l’on a envie de demander aux auteurs, qui semblent avoir appliqué des algorithmes de calcul, d’étayer leurs prédictions : l’OCDE est mieux inspirée quand elle élabore des monographies solides mais nuancées sur un pays. L’information choc n’est pas, en général, de grande qualité.