Chômage, la baisse, jusqu’où?

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Chômage, la baisse, jusqu’où?

Au premier trimestre 2019, le chômage s’établit à 8,7 % de la population active : c’est le niveau le plus bas depuis 10 ans. Le taux de chômage décroit lentement depuis 3 ans : 10,4 % en 2015, 10,1 % en 2016, 9,4 % en 2017, 9,1 % en 2018.  Toutefois, le chômage est encore supérieur de plus d’un point à son niveau du 4e trimestre 2008 (7,5 %), au moment où la crise économique a commencé. Les économistes reconnaissent qu’il s’agit d’une baisse lente mais « réelle », puisqu’elle correspond à des créations d’emploi, dont on estime le nombre à 66 400 au cours de ce premier trimestre, après une année 2018 au final pas si mauvaise (166 000 emplois privés créés). Par ailleurs, d’autres indicateurs sont en amélioration : le halo autour du chômage (constitué de personnes inactives qui ne répondent pas aux critères officiels permettant de les considérer comme demandeurs d’emploi mais qui désireraient travailler) est en baisse : en 2018 (année entière), le nombre de personnes relevant du halo s’élevait à 1,6 million, il est désormais de 1,4 million. Il en est de même du sous-emploi qui recouvre les personnes en chômage technique ou en chômage partiel (fermeture temporaire de l’entreprise ou réduction des horaires pour des raisons liées à la conjoncture économique) et les personnes qui, disposant d’un emploi à temps partiel, souhaiteraient travailler davantage (sans toujours, il est vrai, chercher un emploi). Au sens du BIT, ces personnes sont considérées comme actives. Elles étaient en 2018 de 1,6 million, soit 6 % de la population active occupée, dont la quasi-totalité sont à temps partiel non choisi. Le pourcentage a baissé à 5,3 % en ce premier trimestre 2019. Reste l’inquiétude sur le chômage de longue durée (il baisse dans les statistiques de l’Insee mais moins que le chômage dans son ensemble), d’autant que, sur ce point, les données sont très contrastées entre les 963 000 chômeurs de longue durée décomptés par l’Insee au 1er trimestre 2019 et les 2 966 430 chômeurs inscrits depuis plus d’un an, fin mars 2019, à Pôle emploi : tout laisse à penser que le chiffre de Pôle emploi (qui baisse, il est vrai, lui aussi) est, en ce domaine, plus proche de la vérité que le chiffre de l’Insee, l’enquête emploi qui fonde les données Insee éliminant les personnes qui ne recherchent pas d’emploi, ce qui est probablement le lot de nombre de chômeurs de longue date découragés.  La vraie question est de mesurer le niveau du chômage structurel, celui qui ne disparaîtra pas même si l’économie tournait à plein, sauf à modifier des facteurs structurels comme le niveau de qualification des personnes à la recherche d’un emploi. Personne ne sait le mesurer de manière incontestable mais certains économistes pensent que nous n’en sommes sans doute pas très éloignés désormais (Patrick Artus, il y a quelques années, indiquait même que ce chômage structurel était proche de 9 %) tandis que d’autres le situent davantage aux alentours de 7 % et jugent que le chômage a encore des marges de progrès possible si la conjoncture reste bonne. Au-delà, ce sont des remèdes plus structurels qui doivent jouer et dont l’impact sera nécessairement long.