Talis : mieux former les enseignants

Assurance chômage : des mesures financières à courte vue
23 juin 2019
Service civique : une réussite menacée?
14 juillet 2019

Talis : mieux former les enseignants

L’enquête de l’OCDE Talis (Teaching and learning international survey) est moins célèbre que PISA, qui évalue les compétences des élèves en fin de 3e. Pourtant, elle en est complémentaire : réalisée auprès des enseignants et des chefs d’établissement, elle leur pose des questions sur leur métier, leurs préoccupations, leur développement professionnel. Les enseignants y évoquent leurs relations avec leurs collègues, leurs pratiques pédagogiques, la manière dont ils conçoivent leur rôle. En 2013, date de la précédente parution, l’enquête montrait des enseignants impliqués, soucieux des apprentissages de leurs élèves, satisfaits aussi de leur métier qu’ils considéraient cependant comme insuffisamment valorisé par la société. Le volet moins positif était qu’ils exerçaient dans un cadre plus traditionnel que celui de leurs collègues d’autres pays, de manière plus individuelle, avec peu de pratiques collaboratives, au point que la DEPP (Direction de l’évaluation, de la perspective et de la performance du ministère) avait intitulé une note reprenant les conclusions de l’enquête « Enseignant en France, un métier solitaire ? ». Les méthodes pédagogiques dites actives étaient également moins utilisées mais les enseignants, tout en reconnaissant être « moins novateurs », se préoccupaient de la « gestion de classe », c’est-à-dire du climat, de l’attention, de l’application des règles et de la gestion des perturbations.

L’enquête 2018 vient de paraître. Elle est centrée sur les « connaissances et compétences des enseignants ». L’OCDE en conclut que la formation des enseignants en France, mal préparés à répondre à des besoins particuliers de leurs élèves (par exemple avec une classe d’élèves d’origine différente) et à gérer leur classe (la discipline apparaît comme un problème grave), n’est pas adaptée : moins de 25 % d’entre eux ont, au demeurant, suivi une formation sur ce thème, pourcentage particulièrement faible dans les comparaisons internationales.  De plus, les méthodes des enseignants français restent très classiques : même si, depuis 2013, ils ont progressé sur le travail en groupe, ils cherchent plus à transmettre qu’à développer les compétences des élèves (en leur demandant des exercices d’approfondissement ou la résolution de cas complexes par leurs propres moyens). L’OCDE suggère donc de renforcer la formation, surtout pour les jeunes enseignants. Elle note que les demandes de formation des enseignants, qui préfèrent les formations « entre pairs », n’ont pas de suite. Elle pointe enfin la nécessité de revoir l’affectation des jeunes enseignants inexpérimentés. Notons que la nouvelle loi pour une Ecole de la confiance, dont la discussion est aujourd’hui achevée, prévoit précisément une réforme de la formation initiale, avec, dans les nouveaux Instituts nationaux supérieurs du professorat et de l’Education, un pourcentage de temps réservé à la pédagogie, aux stratégies éducatives et à la gestion de classe.  Elle rend également obligatoire pour tous la formation continue. L’OCDE obtient donc une première réponse et, de fait, la situation était si critiquable qu’elle ne peut que s’améliorer.