Concours d’entrée de l’IEP de Paris: une rationalisation plus que la garantie d’une meilleure diversité sociale

Projet de loi bioéthique : un texte au final quasi consensuel
25 août 2019
Convention citoyenne sur le climat : qu’en attendre?
1 septembre 2019

Concours d’entrée de l’IEP de Paris: une rationalisation plus que la garantie d’une meilleure diversité sociale

L’Institut d’études politiques de Paris a annoncé la réforme du concours d’entrée en première année et l’intégration de l’école dans Parcours sup. Les traditionnelles épreuves écrites seront supprimées. Seront désormais pris en compte dans la sélection, outre l’étude du dossier et les notes obtenues au baccalauréat, la rédaction d’un essai personnel sur le projet scolaire, permettant de mesurer la personnalité et la motivation du candidat, ainsi qu’un oral. Le directeur explique que la réforme est liée à une volonté de diversification des parcours et des origines et à la volonté de sélectionner les candidats sur des critères autres qu’académiques, ouverture d’esprit et capacité d’innovation. Il mentionne également, et c’est sans doute le véritable motif de la réforme, le caractère chronophage et coûteux de correction d’épreuves écrites dont les résultats recoupent très largement ceux qui sont tirés les dossiers scolaires ou des notes au baccalauréat. Implicitement, une telle réforme signifie que l’IEP de Paris (comme le pratiquent déjà tous les établissements d’enseignement supérieur sélectifs) va tenir compte de la réputation de l’établissement d’origine lors de l’étude du dossier scolaire. Il n’est nullement certain en tout cas que la réforme réponde aux objectifs annoncés : ni l’oral ni la rédaction d’une note « personnelle » ne sont des épreuves qui permettent d’éliminer la sélection sur critères sociaux, presqu’au contraire. Ces épreuves rendent en effet très visible la difficulté à s’approprier certains codes de comportement, aisance, capacité à ordonner un discours, juste équilibre entre conformisme et originalité, habileté à esquiver les bourdes ou les sujets sensibles. Le seul mérite de l’oral (il n’est pas si mince) est qu’il peut révéler chez certains candidats des qualités de sincérité et d’humanité qui ne seraient pas repérées par d’autres voies, si du moins les membres du jury acceptent d’être séduits par des candidats qui ne leur ressemblent pas. Il est vrai également que le maintien par la plupart des IEP de province (hormis celui de Bordeaux) des épreuves écrites, au nom de l’égalité, ne convainc pas non plus : l’on connaît le formalisme presque caricatural de l’exercice. Quel que soit le mode de sélection, l’on évite difficilement les biais sociaux. La réforme prévoit parallèlement un quota élevé de boursiers (30 %) : c’est sans doute la méthode la plus sûre de faire entrer parmi les « élites » des profils un peu différents.