Qualité de l’eau : tous concernés, pas pour les mêmes raisons

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Qualité de l’eau : tous concernés, pas pour les mêmes raisons

Un rapport de la Banque mondiale publié le 20 août 2019 (Quality unknown : The invisible water crisis) étudie la qualité de l’eau dans le monde et les conséquences des pollutions qui l’altèrent. La question, souligne-t-il, concerne les pays pauvres comme les pays développés : les premiers soufrent davantage de contamination bactérienne ou fécale ou de pollution par le sel, tous sont touchés par la présence d’azote issu des engrais agricoles. Le rapport souligne également la pollution nouvelle par les microplastiques. Il souligne les conséquences de la mauvaise qualité de l’eau sur la santé (retards de croissance pour la consommation d’azote, mortalité infantile pour le sel) comme sur la croissance (la perte peut atteindre 30 % dans les régions les plus polluées) ou sur les milieux naturels, avec en particulier la prolifération d’algues nocives pour les humains et les écosystèmes.

La carte adjointe à l’étude classe l’Europe (dont la France), le Maghreb, l’Afrique du Sud ainsi qu’une bonne part des Etats-Unis, de la Chine et de l’Australie dans les zones où la qualité de l’eau est la plus mauvaise.

L’approche est quelque peu biaisée. Si l’on prend l’exemple de la France, personne ne niera la mauvaise qualité des eaux de surface et des nappes phréatiques : selon le rapport d’information de l’Assemblée nationale sur la ressource en eau de juin 2018, sur plus de la moitié du territoire, les cours d’eau ont une teneur en nitrates supérieure à la valeur « naturelle ». Sur 15 % du territoire, ils charrient une quantité de nitrates qui rend leur eau non potable. Dans les nappes phréatiques, la valeur en nitrates dépasse les valeur guides européennes dans plus de 40 % des territoires. La présence des pesticides est également massive dans les cours d’eau (la norme définie pour l’eau potable est dépassée sur 53 % du territoire) tout comme dans les nappes (31 %). Pour autant, comme l’indique un colloque de « Que choisir » sur la qualité de l’eau (décembre 2018), 96 % de la population en France a accès à une eau de qualité (certes, cela laisse 2,8 millions qui rencontrent davantage de problèmes) alors que, dans le monde, 30 % de la population n’a pas accès à une eau propre à la consommation. La question en France n’est pas celle de l’accès à une eau de qualité, même si celui-ci pourrait être amélioré : c’est plutôt celle du coût de la dépollution et des catégories de la population qui supportent ce coût (ce sont les consommateurs et non pas les pollueurs) et, en second lieu, celle de la prévention et de la préservation des milieux naturels. Il est donc au final un peu rapide, comme le fait la Banque mondiale, d’affirmer que tous les pays sont touchés : oui, tous le sont mais les conséquences sont loin d’être identiques, ce qui ne signifie pas que les pays développés, qui en ont les moyens, n’aient pas à réformer fondamentalement leur politique de qualité de l’eau.