2017 : stagnation des inégalités mais aussi des niveaux de vie, et depuis longtemps

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2017 : stagnation des inégalités mais aussi des niveaux de vie, et depuis longtemps

Avec un délai d’environ 18 mois, l’Insee publie la mesure de l’évolution des niveaux de vie en France en 2017 et, concomitamment, celle des inégalités et de la pauvreté, dont on rappellera qu’elle est mesurée par un seuil de pauvreté égal à 60 % du niveau de vie médian de la population, seuil manifestement trop élevé pour mesurer la pauvreté grave et qui inclut parmi les personnes pauvres des ménages très modestes. Les enseignements de cette publication sont paradoxaux : les chiffres évoluent peu par rapport à l’année précédente : le niveau de vie médian (20 820€ annuels, 1735€/par mois)  augmente mais peu (+ 0,4 %) ; les niveaux de vie augmentent pour l’ensemble des déciles de manière proche (un peu davantage malgré tout pour les déciles élevés) ; le coefficient de Gini, qui mesure la dispersion des revenus dans la population, est quasi stable (0,289 pour 0,288 en 2016) : les inégalités sont donc stables et la pauvreté n’évolue quasiment pas (14,1 % de la population contre 14 % l’année précédente) avec une stabilité également de son intensité (soit l’écart entre le seuil de pauvreté (1041€ pour une personne seule) et le revenu médian des personnes situées sous le seuil de pauvreté (837€). Cependant, ce constat appelle commentaires : d’abord, la progression des niveaux de vie, qui a repris après 2013 après une chute nette, ne permet toujours pas aux déciles les plus modestes de rattraper le niveau de vie d’avant-crise de 2008. Leur niveau de vie après redistribution reste toujours, en 2017, légèrement inférieur à celui de 2008 (-1,3 %), alors que le 9e décile a juste rattrapé ce niveau. Ce constat est effectué malgré les efforts de redistribution qui ont été mis en place : création en 2016 de la prime d’activité, revalorisation exceptionnelle du RSA en 2017, généralisation de la garanties jeunes. Sans cet effort, le constat aurait été beaucoup plus médiocre. Deuxième commentaire : le rythme d’ensemble de progression du niveau de vie est très faible depuis 2008 : en euros constants, il atteint 0,7 %, alors que dans la période 1996-2008, le rythme annuel atteignait 1,4 %. L’on mesure le sentiment actuel de la population française de stagner sur longue période alors que dans le passé, elle a tablé sur des améliorations de niveaux de vie régulières et significatives. Enfin, le taux de pauvreté baisse un peu pour les chômeurs (il reste cependant élevé et atteint 37,6 % dans cette population contre 38,3 % l’année précédente) mais augmente chez les salariés (de 6,4 à 7,1%). Comment dire plus clairement que, lorsque le chômage commence à baisser, c’est d’abord pour créer des emplois d’intérimaires ou à bas salaires qui reportent sur les salariés la pauvreté des chômeurs ?