La Cour des comptes se préoccupe des fins de carrière

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La Cour des comptes se préoccupe des fins de carrière

La Cour des comptes publie le référé qu’elle a adressé au Premier ministre le 23 juillet dernier sur le risque de précarité des seniors (les 55-64 ans) exclus du marché du travail. Le document note la progression du taux d’emploi de la tranche d’âge, passé de 36,4 % en 2003 à 52,3 %, tout en soulignant le maintien d’un écart net avec la moyenne européenne (59,1 %) et surtout la faiblesse persistante du taux d’emploi des 60-64 ans (32,2 % contre 48 % pour la moyenne des pays de l’Union). Comme souvent dans les questions d’emploi, l’inactivité est d’autant plus prononcée que la qualification est faible. La Cour s’inquiète surtout du bilan du recul de l’âge décidé lors de la réforme des retraites de 2010, la hausse de l’emploi à 61 ans n’ayant pas permis de compenser la mesure : l’inactivité a progressé à cet âge. De manière plus générale, le chômage de longue durée progresse depuis 2008 chez les seniors et le taux de retour à l’emploi après 12 mois de chômage connaît un brutal affaiblissement dès 52 ans. Depuis 2010, pour les plus de 60 ans, les dépenses de solidarité ont augmenté de 700 millions par an et les dépenses de chômage de 800, soit un surcoût annuel pour les finances sociales de 1,5 Mds. La Cour impute en partie cette situation à l’abandon d’une politique d’encouragement à l’emploi des seniors : l’obligation de négocier dans l’entreprise sur l’emploi des seniors instaurée dans le cadre du plan seniors de 2006 a été supprimée en 2017 mais il est vrai que le bilan avait mis en lumière la prépondérance d’accords formels sinon creux, qui ne prenaient en compte ni le vieillissement des salariés ni la gestion des carrières longues. De plus, la mobilisation des outils de droit commun, notamment la formation professionnelle, diminue avec l’âge. La Cour recommande donc de suivre la situation de manière chiffrée, d’évaluer les quelques dispositifs qui restent en vigueur (CDD seniors et contrat de professionnalisation) et d’en améliorer les performances, d’inscrire la gestion des âges dans la négociation relative à la gestion prévisionnelle des emplois et des parcours, obligatoire dans les grandes entreprises, et de recenser les initiatives locales en ce domaine pour assurer leur diffusion. La pauvreté des recommandations de la Cour témoigne de son embarras : que peut-on faire pour les seniors que les entreprises rejettent ? En période de chômage encore fort, pas grand-chose, même s’il s’agit là d’un gaspillage et d’une discrimination.