INED : expliquer la baisse de l’espérance de vie aux Etats-Unis

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INED : expliquer la baisse de l’espérance de vie aux Etats-Unis

Une note de Population et Sociétés (Institut national d’études démographiques) d’octobre 2019 revient sur les causes de la baisse de l’espérance de vie constatée aux Etats-Unis depuis 2014, après une stagnation de 2010 à 2014. L’écart est désormais de plusieurs points avec les pays développés (3 ans pour les hommes et 4 ans pour les femmes pour ce qui est de la France). La baisse touche surtout les hommes de 20 à 40 ans et dans une moindre mesure, ceux de 40 à 60, moins les femmes et moins les autres classes d’âge. Elle est due en 2014 à la seule augmentation des morts violentes (overdoses et suicides) tandis que les autres causes de mortalité (maladies cardiovasculaires, cancers, infections) continuaient à diminuer. En réalité l’épidémies d’overdoses a commencé dès les années 80, en lieu avec un marketing très agressif des laboratoires pharmaceutiques auprès des médecins prescripteurs sur des produits anti-douleurs qui ont été massivement distribués jusque 2010, comme un Médiator dont personne n’aurait freiné la distribution. L’épidémie a commencé par toucher les Etats pauvres (Sud-ouest des Etats-Unis, Etats industriels des grands lacs) avant de toucher l’ensemble des Etats, quel que soit leur classement dans l’espérance de vie ou leur richesse. Les pouvoirs publics n’ont réagi qu’il y a quelques années mais les consommateurs se sont lors tourné vers le marché noir et y ont trouvé une molécule particulièrement puissante et plutôt peu coûteuse, le Fentanyl. Depuis lors, des programmes de santé ont été mis en œuvre pour éliminer de la circulation les produits les plus dangereux et multiplier les centres de prise en charge des addictions. Il est trop tôt pour juger des résultats mais la note remarque que le pays a peu de chances de rattraper son retard : parallèlement à l’épidémie de morts violentes, la mortalité a évolué. Ainsi, la mortalité par maladies cardio-vasculaires ne baisse plus guère du fait de l’obésité, sans que les pouvoirs publics s’en préoccupent. Le système de santé américain, le plus coûteux au monde (17 % du PIB), fonctionne mal.