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France, portrait social : de fortes évolutions en 40 ans

Dans le « Portrait social » de la France que l’Insee vient de publier figurent plusieurs études éclairant les évolutions de la société française depuis une quarantaine d’années.

La première porte sur la démographie et rappelle les données sur le vieillissement (13 % de plus de 60 ans en 1975, 20 % aujourd’hui), la fécondité (qui a baissé, avec des maternités plus tardives qui ont un temps masqué cette baisse), l’espérance de vie, qui a beaucoup augmenté mais semble stagner depuis peu, surtout chez les femmes, et les soldes migratoires, qui ont évolué à la hausse pour les immigrés mais se sont creusés à l’inverse pour les personnes nées en France, avec des départs plus nombreux.

La seconde étude porte sur l’évolution du temps de travail annuel, qui, compte tenu des réformes menées en ce sens, a globalement baissé de 17 % en 40 ans (-350 heures), mais de manière inégale (moins, voire peu, chez les cadres, à cause du système de forfait-jours). Surtout, le temps de travail s’est diversifié, avec, chez les salariés, un triplement des temps partiel et une extension des horaires atypiques (nuit ou dimanche), pour faciliter l’adaptation des entreprises à la demande, ce qui a conduit à une accentuation des procédures de contrôle sur le temps de travail.

La troisième étude porte sur la mobilité sociale comparée des hommes (globalement stable, avec une mobilité ascendante dominante) et des femmes (en nette évolution, mais surtout par rapport à leur mère avec une tendance ascendante, moins par rapport à leur père, où elle est légèrement descendante). Les inégalités sociales (chances par exemple de devenir cadre en étant issu d’une autre catégorie sociale) ont diminué jusque dans les années 90 (1993 marque une césure) mais se sont depuis lors stabilisées.

La quatrième étude porte sur l’évolution des niveaux de vie avant et après redistribution depuis 40 ans et montre depuis 2008, après une forte baisse, une tendance à la hausse des inégalités de niveau de vie avant redistribution, atténuée cependant par le jeu de la redistribution : au final, en 2016, les inégalités retrouvent leur niveau de 1990.

Enfin, la cinquième étude permet de mesurer que les Français font des choix de vie plus ouverts : les opinions en faveur du travail féminin ont fortement progressé, dans tous les milieux sociaux, à tous les âges et en ville comme en milieu rural. Les Français par ailleurs identifient moins la famille comme source unique de bien-être (70 % en 1979, 59 % en 2019), ont davantage de temps libre du fait de la baisse du temps de travail mais gardent inchangé le sentiment de manquer de temps pour leurs autres activités (les transports et la complexification des horaires de travail y sont sans doute pour quelque chose). Ils sont en 2019 plus pessimistes sur l’évolution de leur niveau de vie, mais avec de forts écarts selon le diplôme et l’âge : le sentiment de restriction budgétaire touche bien davantage les catégories modestes et l’écart s’est creusé sur ce point depuis 40 ans, avec notamment un sentiment de « surplace » des catégories intermédiaires. Les jeunes sont beaucoup plus inquiets de leur état de santé, ils redoutent désormais plus que les plus de 60 ans d’être agressés dans la rue (la crainte d’agression s’est accrue pour tous). Dernière évolution, sans doute ambivalente : en 1979, 76 % des Français pensaient que la société avait besoin de se transformer, ils sont aujourd’hui 83 % à être de cet avis.