Minima sociaux, hébergement d’urgence : la France des exclus est toujours là

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Minima sociaux, hébergement d’urgence : la France des exclus est toujours là

En 2018, la DREES (Etudes et résultats n°1133 de novembre 2019) nous apprend que le nombre de bénéficiaires de minima sociaux est reparti légèrement à la hausse en 2018 dans presque toutes les catégories, RSA, AAH, minimum vieillesse, à l’exception des bénéficiaires de l’allocation supplémentaire de solidarité qui sont en baisse. La donnée la moins explicable concerne l’augmentation du nombre des bénéficiaires du RSA, certes limitée (+ 1,1 %) mais qui contraste avec la diminution des deux années précédentes et, d’une manière plus générale, avec la baisse du chômage de longue durée : selon l’Insee, celui-ci est passé de 1 254 000 personnes en 2017, soit 45 % des demandeurs d’emploi, à 1 122 000 en 2018, soit 41,5 % des chômeurs. Il est vrai que les données ne sont pas tout à fait les mêmes, voire qu’elles sont franchement différentes, si l’on considère les statistiques de Pôle emploi et non celles de l’Insee : du 4e trimestre 2017 au 4e trimestre 2018, le nombre de demandeurs d’emploi inscrits depuis plus d’un an a augmenté de 5,1 %, passant de 2,7 à 2,8 millions. C’est bien à cela que sert la mesure du chômage par simple inscription, si l’on enlève le filtre qu’impose la définition de l’Insee qui exclut tous les demandeurs d’emploi qui ne recherchent pas activement un travail.    Au final, 1 900 000 personnes touchent le RSA fin 2018. D’autres signes existent aujourd’hui d’une pauvreté qui ne cède pas à l’amélioration du marché du travail ni, on peut le craindre, à la relance de la formation professionnelle, même si celle-ci annonce des actions ciblées sur les demandeurs faiblement qualifiés : le rapport sénatorial rédigé dans le cadre de l’examen des crédits du Ministère de la cohésion des territoires montre que le programme hébergement d’urgence a vu ses crédits déraper en 2019, nécessitant un abondement en loi de finances rectificative. Pour 2020, l’Etat va y consacrer 2 Mds, somme qui ne suffira pas si les besoins augmentent dans le prolongement de ces dernières années. Certes, l’augmentation du nombre des demandeurs d’asile pèse sur les besoins mais pas seulement. En tout cas, l’Etat ne peut toujours pas apporter une réponse de qualité à la demande : le nombre de nuitées d’hôtel ne cesse d’augmenter encore cette année, passant de 45 139 en 2017 à 48 733 en 2018. En France, la situation s’améliore mais la misère ne recule pas.