Emplois francs : expérimentation non concluante…et généralisation

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Emplois francs : expérimentation non concluante…et généralisation

Les emplois francs consistent en une aide financière (5000 euros par an, éventuellement pendant 3 ans) versée aux employeurs privés qui embauchent en CDI ou en CDD de 6 mois au moins un demandeur d’emploi résidant dans un quartier prioritaire de la politique de la ville. Une expérimentation a été lancée en avril 2018 : par rapport à une précédente mesure, l’âge des bénéficiaires a été élargi et le dispositif n’est plus réservé aux jeunes. La généralisation de la mesure à tous les QPV a été décidée pour le 1er janvier 2020, avec même un élargissement à des catégories qui jusqu’ici ne pouvaient bénéficier du dispositif, les jeunes accompagnés par la mission locale. L’aide sera applicable aux contrats de professionnalisation et donc cumulable avec celle que Pôle emploi offre à ce titre. C’est donc une aide coûteuse.

Pourtant, le comité d’évaluation de l’expérimentation (auquel participent des scientifiques, des représentants du Commissariat à l’égalité des territoires et des membres de l’administration et de la DARES, service d’études du ministère du travail et de l’emploi) a fait paraître, le 13 décembre dernier, un bilan plutôt curieux : d’abord il constate qu’il y a dans les QPV de l’expérimentation une baisse du chômage mais qu’elle est comparable à celle des QPV proches. Pour réaliser une évaluation quantitative fiable, il aurait de toute façon fallu pouvoir travailler sur un nombre d’embauches plus important. Le Comité n’exclut pas par ailleurs un effet d’aubaine compte tenu de l’importance de l’aide pour des emplois peu qualifiés. Toutefois, il préconise de mieux informer les employeurs, qui ne connaissent pas la mesure. Sur la seconde question posée, le recul des discriminations, le rapport conclut que le dispositif ne semble pas modifier le comportement des employeurs, mais qu’après tout l’importance des discriminations subies légitime une mesure qui peut un peu rééquilibrer les choses, au moins indirectement. Le rapport en profite toutefois pour indiquer que la discrimination n’est pas particulièrement liée à la résidence mais à l’origine. Bref, l’expérimentation n’est pas, telle quelle, concluante ? Qu’à cela ne tienne : on y va.