Urgences hospitalières : des propositions (presque) nouvelles

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Urgences hospitalières : des propositions (presque) nouvelles

Nième rapport de l’année et de la décennie sur les urgences, le rapport Mesnier-Carli a été rendu en décembre 2019, quelques semaines après le lancement du Pacte pour la refondation des urgences, qui s’est traduit par l’annonce de la mise en place d’un service universel d’accès aux soins (préannonce d’une mesure proposée par le rapport) et par un ensemble de réformes techniques destinées à faciliter la vie des services. Le rapport avait été demandé en juin par la ministre pour établir un panorama du fonctionnement des urgences, des difficultés et attentes des professionnels et faire des préconisations. La ministre devrait s’appuyer sur ce document pour annoncer de nouvelles mesures en janvier. Les préconisations du rapport paraissent de bon sens, même si certaines seront difficiles à mettre en place (le service d’accès aux soins précisément) et si d’autres ont déjà été évoquées à plusieurs reprises. C’est en tout cas un bon mémento même s’il n’aborde pas (ce n’était pas son sujet) les rémunérations et la question des vacances d’emploi.

Ainsi, concernant l’amont des urgences, les propositions consistent à poursuivre le développement des Maisons médicales de garde à proximité de tous les services d’urgences totalisant au moins 50 000 passages (c’est déjà le cas de la moitié d’entre eux), à développer le système du tiers payant (rappelons qu’Agnès Buzyn, sur demande des médecins libéraux, en a bloqué à son arrivée au ministère la généralisation) et à mettre en place, en ville, de manière plus systématique, des infirmiers en pratique avancée (habilités à réaliser certains suivis et actes à la place des médecins) pour suivre les malades chroniques. Le rapport propose également la création d’un SAS (service d’accès aux soins) qui offrirait un accès à tout moment à un professionnel de santé, libéral ou hospitalier, pour un conseil ou une orientation, voire une décision de prise en charge en urgence par coordination avec les services de secours. Enfin, l’admission directe de certains malades (les personnes âgées), sans passer par les urgences, doit être développée.

Sur le fonctionnement des services d’urgences, le rapport préconise de les recentrer sur l’accueil des patients qui nécessitent une hospitalisation en modifiant le financement pour mieux valoriser cette prise en charge et en prévoyant (il n’est pas certain que cela plaise aux services) un financement « à la qualité ». Le tri doit être organisé de manière plus méthodique (protocoles de coopération avec les services de traumatologie, présence là aussi d’infirmiers en pratique avancée, dont il faut toutefois rappeler qu’ils sont rares, la formation ayant démarré depuis peu). Enfin, pour économiser les ressources médicales, est préconisé un développement des « antennes d’urgences » pour prendre en charge toutes les urgences, ouvertes tous les jours mais pas en permanence.

En aval des urgences, il faut enfin « paramétrer » le besoin de lits d’aval qui est relativement régulier, en tout cas contractualiser avec les services ou établissements pour disposer de lits d’aval.

La seule interrogation à la lecture du rapport : pourquoi ces mesures, dont on parle depuis des années, ne sont-elles pas déjà en place ? Alors que la question des urgences est considérée comme une priorité depuis 20 à 30 ans ?