Une vitalité démographique qui se ralentit

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Une vitalité démographique qui se ralentit

Comme chaque année, l’Insee (Insee première, 1789, janvier 2020) actualise le bilan démographique de la France en étudiant l’évolution des principaux indicateurs en ce domaine, augmentation de la population, taux de fécondité, vieillissement et espérance de vie. le titre se veut rassurant (« La fécondité se stabilise ») de manière sans doute quelque peu indue : même s’il ne traduit pas d’évolutions fortes, il s’inscrit dans la poursuite d’un mouvement d’ensemble qui, très progressivement, rapproche la France de la situation de pays comparables alors qu’elle se voulait, jusqu’à présent, une exception en Europe. Ainsi, en 2019, la population augmente (67 millions d’habitants en 2019 dont 64,9 pour la métropole et 2,1 pour l’Outremer, soit + 0,3 %) et cette augmentation est due, pour l’essentiel, comme traditionnellement, au solde naturel (égal à 141 000, soit la différence entre 753 00 naissances et 617 000 décès) bien plus qu’au solde migratoire (estimé en 46 000), indicateur traditionnellement interprété comme un signe de vitalité. Cependant, le rythme d’augmentation de la population est moins fort (les années précédentes ont connu des rythmes de 0,5 % puis 0,4 %), le solde naturel s’amoindrit d’année en année (les naissances continuent de baisser, même si c’est à un rythme ralenti, et les décès augmentent) et atteint un seuil historiquement bas. De même, la France reste en tête en Europe pour le taux de fécondité (1,87 enfant par femme en âge de procréer) mais cet indicateur a baissé de 2015 à 2018 et, si l’on peut considérer qu’il se stabilise, il était de 1,88 en 2018. Depuis plusieurs années, le taux de fécondité des femmes de moins de 30 ans baisse et cette baisse, qui s’accentue depuis 2015, n’est plus compensée par une augmentation de la fécondité des femmes plus âgées, le report des naissances au-delà de 30 ans atteignant ses limites. L’espérance de vie quant à elle (85,6 pour les femmes et 79,7 pour les hommes) continue à augmenter mais les gains se ralentissent : alors que dans les 10 dernières années les hommes ont gagné 2 ans d’espérance de vie et les femmes 1,2 ans, les hommes ont gagné depuis 5 ans seulement 0,5 an et les femmes 0,2. La France vieillit, avec un peu plus de 20 % de la population qui est âgée de plus de 65 ans.  Il est vrai que ce bilan quelque peu en demi-teinte devient plus positif si on le replace dans la perspective européenne : la France est un des deux pays les plus peuplés d’Europe, où 10 pays voient leur population décroître. Elle est en tête pour la fécondité alors que plusieurs pays européens en sont à des taux proches de 1,3. Avec l’Irlande, elle a la proportion de jeunes de moins de 15 ans la plus élevée d’Europe. L’espérance de vie des femmes y est une des meilleures d’Europe avec celle de l’Espagne.  Mais il est vrai que l’Europe est guettée par le déclin démographique…