France : le succès des zones peu denses

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France : le succès des zones peu denses

Insee Focus (décembre 2019) fait un zoom sur certains résultats du recensement de la population : le numéro indique que, en janvier 2017, alors que la population française a augmenté, dans la décennie précédente, de 0,5 % par an en moyenne annuelle, celle des communes densément peuplées (densité moyenne : 2559 habitants au km 2) n’a augmenté que de 0,4 % tout comme celle des communes de densité intermédiaire (210 h/km2), tandis que celle des communes peu denses (51 habitants au km2) a augmenté de 0,6 %. Voilà qui contrevient à notre intuition qui voudrait que la densité appelle la densité, d’autant que 90 % des communes peu denses sont petites (entre 200 et 3000 habitants). Pour plus de la moitié, elles se situent dans la couronne périurbaine d’une agglomération, ce qui donne une piste d’explication : il s’agit simplement de l’élargissement progressif de la « tache urbaine » qui continue aux franges de la zone périurbaine. Mais ce qui est nouveau, c’est que des communes peu denses même éloignées des villes bénéficient aussi de cette attractivité. La croissance de la population des communes peu denses n’est en effet pas liée au solde naturel (un excédent des naissances sur les décès) mais au solde migratoire (de nouveaux habitants qui s’installent).

Pourquoi ce ressaut démographique ? Un article de la revue en ligne Télos (auteur : O. Galland, 31 janvier2020) s’interroge. A vrai dire, dit-il, on ne dispose pas, pour l’instant, d’explications. Tout ce que l’on sait, c’est que, malgré tout, la diagonale du vide continue bel et bien à exister et que certaines agglomérations très denses (pas toutes, loin de là) perdent de leur attractivité, comme Paris, dont le solde migratoire est négatif. Pour ce qui concerne les installations dans les zones peu denses, s’agit-il de retraités ? De néoruraux attirés par le cadre de vie ? De jeunes actifs participant à une société de services qui promeut le télétravail ? De telles zones, en tout cas, deviennent attirantes. En fin de compte, le constat renvoie à la complexité du territoire, dit-il : la France rurale n’est pas assimilable à une France pauvre et abandonnée (elle est parfois attractive et ne concentre pas la pauvreté), de même que la France urbaine n’est pas nécessairement attractive et riche (parfois, les habitants s’en détournent et elle concentre les principales poches de pauvreté). Dont acte, même s’il faudra bien, un jour ou l’autre, mieux comprendre la nouvelle attractivité des communes peu denses éloignées des villes.