Neutralité carbone et objectifs de baisse des émissions GES : personne n’est prêt, ni l’Europe, ni la France

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Neutralité carbone et objectifs de baisse des émissions GES : personne n’est prêt, ni l’Europe, ni la France

L’Agence européenne de l’environnement publie ce 10 mars 2020 un rapport pessimiste sur l’atteinte des objectifs de réduction de GES (gaz à effet de serre) fixés par l’Union pour 2030. Hors système d’échange de quotas, réservé aux grosses entreprises industrielles, l’objectif est une baisse de 30 % par rapport à 2005 des secteurs des transports, de l’agriculture, des bâtiments, des déchets et des petites entreprises industrielles. Or, ces secteurs n’ont baissé leurs émissions que de 11 % depuis 2005 : sur cette lancée, l’objectif ne sera pas atteint. C’est le secteur des transports qui est le plus en retard puisque les émissions ont même augmenté depuis 2005. Il faudrait donc intensifier les efforts partout, mais surtout sur ce secteur, pour espérer améliorer les résultats : l’effort à faire est important puisqu’il faudrait doubler le taux de réduction annuel constaté jusqu’à maintenant. Les Etats, sollicités, ont fait des propositions (développement des voitures électriques, rénovation des bâtiments…) mais insuffisantes. Surtout, l’objectif de réduction de 30 % est lui-même trop limité pour espérer limiter l’augmentation de la température moyenne à 1,5 ° et respecter l’accord de Paris. Il faut donc rapidement augmenter l’objectif et surtout le crédibiliser.

Parallèlement, en France, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a adopté le 10 mars 2020 une résolution « Accord de Paris et neutralité carbone en 2050 : comment respecter les engagements de la France ? ». Le CESE souligne, que les objectifs que la France s’est donnés sont très ambitieux. Il craint que les documents de programmation qui viennent d’être adoptés (Programmation pluriannuelle de l’énergie et Stratégie nationale bas carbone) ne soient insuffisants. « Le risque de non-respect des objectifs est majeur », dit-il, se rapportant au rapport de juin 2019 remis par le Haut Conseil du climat qui appelait à rectifier les dérives déjà constatées dans le secteur des transports et des bâtiments. Dans un contexte où l’Union européenne va sans doute appeler à augmenter les objectifs pour 2030, il faut suivre très attentivement la réalisation des objectifs, ne pas repousser à la période suivante le rattrapage des retards éventuels, et surtout dégager les financements nécessaires, dont le niveau est élevé (20 Mds par an pour les années 2019-2023). Il faut aussi établir une cohérence entre les politiques nationales, régionales et locales et se donner les moyens de garantir une équité entre territoires et catégories sociales, en aidant les plus modestes à s’adapter. Le CESE appelle la France à être exemplaire, sans trop cacher qu’il ne la juge pas telle aujourd’hui.

Deux cris d’alarme en ce printemps…