Coronavirus: la vulnérabilité, c’est l’âge

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Coronavirus: la vulnérabilité, c’est l’âge

Les « Décodeurs » du Monde ont fait paraître une note sur la mortalité liée au coronavirus. Pour éviter les phénomènes de sous-déclaration qui ont souvent entaché de précédentes évaluations, la note s’appuie sur les données d’état-civil de l’Insee par département, par sexe et par âge qui mesurent les décès, quelle que soit leur cause, survenus entre le 1er mars et le 1er mai 2020 et les comparent aux données relatives aux années précédentes, 2018 et 2019. La méthode permet de mesurer la surmortalité dont on peut présumer, bien évidemment sans certitude, qu’elle est due à l’épidémie, en tout cas pour l’essentiel. La surprise ne vient pas de l’écart net entre 2020 et les années précédentes (118 217 décès en 2020 contre 102 240 en 2018 et 95 440 en 2019) ni de sa localisation (Grand-est et Région parisienne sont les zones les plus touchées). La surprise vient plutôt de la comparaison par âge (la mesure a été faite entre le 1er mars et le 27 avril).  Ni pour les hommes ni pour les femmes l’on ne constate de surmortalité en 2020 pour les catégories d’âge inférieures à 50 ans par rapport à la moyenne des décès 2018-2019, au contraire : la mortalité 2020 est légèrement plus basse. Pour les 50-64 ans, la surmortalité 2020 se voit même si elle reste modérée (+ 7 % pour les femmes, + 5 % sur les hommes). Pour la tranche d’âge 65-74, la surmortalité 2020 est bien plus nette (+ 19 % pour les hommes, + 17 % pour les femmes). Pour les 75-84 ans, elle augmente encore, surtout pour les hommes (+26 %), moins pour les femmes (+ 19 %). Enfin, la surmortalité est maximale pour les 85 ans et plus : + 27 % pour les hommes, + 20 % pour les femmes. De là à conclure que le coronavirus cible quasi exclusivement les personnes âgées et qu’il ne fallait confiner que les plus de 50 ans, voire les plus de 65 ans ? La question se pose clairement. Il faudrait compléter l’étude par un panorama statistique des personnes hospitalisées en réanimation puis sorties guéries pour vérifier si les décès évités concernent aussi ces tranches d’âge plus âgées. Si tel était le cas, il faudrait repenser la gestion de cette épidémie : quand il existe une vulnérabilité spécifique, ce sont les personnes vulnérables qu’il faut protéger, pas celles qui ne risquent rien.