Qui sont les travailleurs indépendants?

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Qui sont les travailleurs indépendants?

L’Insee a fait paraître en avril un fascicule réunissant toutes les données disponibles sur la population des non-salariés en 2017 (Emploi et revenus des indépendants, avril 2020). L’ouvrage s’ouvre sur de courtes études qui permettent d’appréhender les caractéristiques des 3,5 millions d’«indépendants ». Leur nombre a cessé de reculer depuis 2000 et a depuis lors augmenté mais cette croissance, qui est aujourd’hui faible, recouvre une baisse des « non-salariés classiques » (agriculteurs, commerçants et artisans) et une hausse de catégories plus hétérogènes, tels les autoentrepreneurs (928 000 sont économiquement actifs en 2017) qui prolifèrent dans certaines activités (services, livraisons mais aussi activités culturelles, domaine où leur nombre a été multiplié par deux depuis 10 ans).

L’éventail des revenus est largement ouvert, davantage que chez les salariés. Le revenu moyen des non-salariés « classiques » est de 3580€ et celui des autoentrepreneurs de 470€. Mais 10 % des non-salariés classiques gagnent moins de 580€/mois, 10 % plus de 8330€ et 8 % d’entre eux ne gagnent rien, soit qu’ils se rémunèrent autrement, soit qu’ils cumulent avec un emploi de salarié (1 non salarié classique sur 10 est dans cette situation), soit qu’ils vivent sur leurs économies. Créer une entreprise est d’ailleurs manifestement associé à un risque de revenu et souvent à une perte par rapport au maintien dans le salariat quand il s’agit d’une transition. Quant aux autoentrepreneurs, leur risque est clairement celui du sous-emploi : en 2016, le revenu des non-salariés VTC est inférieur de moitié à celui des taxis, pourtant peu élevé. 1 autoentrepreneur sur trois cumule d’ailleurs son activité avec un emploi de salarié.

Le cumul entre les deux statuts n’est pas la seule forme de « continuum » entre le salariat et le non-salariat. Les transitions sont fréquentes au cours d’une carrière. La majorité des personnes qui s’installent comme non-salariés ont été salariés dans une période précédente et un quart des actifs ont connu, dans les 7 années précédentes, un changement entre les deux statuts. Il est à noter aussi que les salariés ou les demandeurs d’emploi qui s’installent comme non-salariés sont plus jeunes mais aussi plus diplômés que la moyenne.

Enfin, l’Insee rappelle tous les débats ouverts sur les transformations du travail et l’apparition de zones grises intermédiaires entre le salariat et l’indépendance. Se pose en particulier la question de la pertinence du critère de subordination pour distinguer les salariés des autres actifs. Se pose aussi la question de la différence des droits sociaux, qui perdure malgré quelques tentatives d’homogénéisation (extension très limitée du droit aux allocations chômage des non-salariés et obligation faite aux plateformes numériques d’assumer une part de responsabilité sociale à l’égard des indépendants auxquels elles fournissent du travail).