Plusieurs partenaires (Res publica, la CFDT, Terra Nova, Management et RSE et Liaisons sociales magazine) se sont associés pour recueillir des témoignages sur le travail à distance. L’enquête, réalisée du 1^er au 10 avril, n’en est pas une au sens scientifique du terme (les personnes étaient volontaires pour y participer, ce qui est un biais important) mais la composition de l’échantillon est objectivement proche de la population qui travaillait auparavant en télétravail comme de celle qui l’a fait pendant la crise sanitaire, avec une surreprésentation de femmes et de cadres, d’actifs plutôt âgés, plutôt franciliens ou habitant de grandes aires urbaines, relevant du secteur public ou de grandes entreprises.

Le télétravail a posé des difficultés : absence d’espace de travail dédié au domicile pour plus de 40 % des personnes, équipement inadapté tout à fait ou partiellement (50 %). Cependant les ¾ des répondants ont indiqué travailler dans un environnement facile (ce sont les plus expérimentés, les plus âgés, les mieux équipés), le quart restant, qui déclare l’inverse, étant composé de personnes plus jeunes, surtout de femmes, dans un environnement familial sans doute plus perturbant.

Au-delà, le tableau est très ambivalent : les salariés sont partagés entre les plaintes (absence de contacts sociaux, difficulté à séparer vie professionnelle et privée, charge plus lourde, lassitude) et les jugements positifs (nouvelles modalités de collaboration, plus de temps, plus d’autonomie, plus de confiance, plus d’efficacité).

Les managers soulignent le renforcement de la confiance mutuelle, de l’esprit d’initiative et de la productivité. Ils pensent que les temps d’échange se sont accrus ou sont restés identiques, mais qu’ils ont été plus courts et plus efficaces. Les salariés insistent sur l’amélioration de la confiance et indiquent que le télétravail n’a pas dégradé le respect des consignes ni la cordialité des relations. En revanche, ils ont le sentiment d’un raccourcissement des temps d’échange, sans doute parce qu’ils en attendent autre chose que de l’efficacité.

Au total, le rapport au travail a changé avec une aspiration certaine à ne pas subir les trajets ou à ne pas les subir quotidiennement, à disposer de davantage d’autonomie et à bénéficier d’une organisation du travail différente. 58 % des personnes souhaitent retravailler en télétravail et ne demandent alors que de meilleurs outils. Au final, l’expérience peut aider le management à évoluer : le management taylorien, encore bien présent dans les entreprises, ne passe plus en télétravail. Mais elle a aussi permis de voir les limites du télétravail : absence d’espace dédié, baisse des échanges et de la convivialité, difficultés liées à la proximité de la vie familiale.