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OCDE : sombre bilan de la politique éducative

L’OCDE a fait paraître cet été, dans un ensemble appelé « Perspectives des politiques de l’Education », une analyse de la politique éducative en France. Dans une perspective de comparaison entre les divers systèmes, l’OCDE actualise des « profils » nationaux établis au fil des ans, le dernier en date pour la France remontant à 2014. Elle s’intéresse d’abord à la réussite des élèves, à l’amélioration de la qualité des établissements, à l’utilisation des évaluations réalisées, enfin à la gouvernance et au financement du système éducatif. La crise sanitaire et l’évaluation des réponses apportées sont peu abordées (l’étude a été réalisée juste avant) mais de ce fait certaines analyses (ainsi celles sur la faiblesse en France du numérique éducatif) résonnent de manière particulière.

La lecture du sommaire est édifiante :  les inégalités entre les élèves, telles que mesurées notamment par l’enquête PISA,  n’augmentent plus depuis 2009 mais restent à un niveau élevé ; il faudrait alors mieux intégrer dans le système éducatif les élèves défavorisés et ceux issus de l’immigration ; la préparation de l’avenir est déficiente : compte tenu des faiblesses de la filière professionnelle, des défaillances de l’orientation et des difficultés d’accès à une formation continue de qualité,  les moins qualifiés éprouvent toujours des difficultés à s’insérer dans le monde du travail ; la formation des enseignants doit être améliorée, en renforçant la dimension professionnelle lors de la formation initiale et en facilitant l’accès à la formation continue ; les directeurs d’école doivent être dotés d’un statut et le rôle et les parcours professionnels des autres directeurs doivent être renforcés, surtout en zone « sensible » ; la cohérence des multiples dispositifs d’évaluation doit être améliorée, l’évaluation des enseignants doit être beaucoup plus régulière et déboucher sur des actions correctives, les établissements doivent eux aussi être évalués. La gouvernance est trop centralisée, sauf pour ce qui concerne les établissements d’enseignement supérieur qui disposent de davantage d’autonomie. La gestion des enseignants devrait être déconcentrée et les chefs d’établissement se voir reconnaître davantage de pouvoirs. Quant au financement, il est marqué par un déséquilibre excessif entre l’élémentaire et le secondaire (le premier est sacrifié) et les établissements défavorisés devraient recevoir des ressources plus importantes tout comme les universités.

L’OCDE rappelle constamment, dans chaque chapitre, les points forts du système éducatif en France, la durée de l’enseignement obligatoire, l’existence d’une école préélémentaire, un effort pour les modes de garde de la petite enfance malgré des faiblesses, l’existence d’une proportion importante et stable de bons élèves, la baisse des élèves décrocheurs. Il met en valeur aussi chaque fois les politiques récentes (la priorité que représentent les classes de CP et de CE1 dans l’enseignement élémentaire, l’institution des « rendez-vous de carrière » pour les enseignants, la volonté de mettre en place une aide individualisée aux élèves en difficulté). Pour autant, le bilan d’ensemble reste très critique et met l’accent sur des points douloureux: la question de la formation des enseignants n’est toujours pas réglée de manière satisfaisante, de fortes inégalités perdurent, l’Education prioritaire et l’enseignement professionnel ne sont pas bien traitées, les acteurs de terrain enfin doivent être responsabilisés. Le bilan du quinquennat actuel en sort malmené : les avancées ponctuelles ne peuvent dissimuler que les difficultés structurelles du système éducatif ne sont pas dominées.