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Chômage en 2020 : plus de questions que de réponses

L’année 2020 a marqué de fortes évolutions du chômage, parfois difficiles à interpréter.

Le chômage partiel est en août en voie de diminution, après 4,5 millions de personnes concernées en juin 2020 (soit un quart des salariés du privé), 2,4 millions en juillet (un peu moins de 15 %) et  1,3 million fin août, soit 7 % environ (chiffres DARES).

Pour ce qui est des demandeurs d’emploi inscrits à Pôle emploi et soumis à obligation de recherche d’emploi (catégories A, B et C, en excluant les demandeurs malades ou en formation), leur nombre global atteint en France métropolitaine, fin août 2020, 5,8 millions, soit une augmentation de 6,7 % sur un an et de 7,7 % depuis février 2020, dernier mois avant le début de la crise sanitaire (5,4 millions ce mois-là). Il est vrai que le chiffre d’août marque une légère baisse depuis juin : sur deux mois, de juin à août, le nombre total des demandeurs inscrits à Pôle emploi en métropole est passé de 5,85 millions à 5,8, petite baisse de 1 %.

La répartition entre les catégories s’est modifiée dans les derniers mois.

L’évolution des demandeurs en catégorie A (soit les personnes n’ayant pas travaillé du tout le mois précédent) a suivi une courbe en cloche : à partir d’un point bas de février 2020 (3,25 millions), une très forte hausse a eu lieu ensuite sur mars et avril avec un pic de 4,3 millions. Ensuite le mouvement s’est inversé et les demandeurs de catégorie A ont baissé jusqu’à atteindre 3,6 millions en août 2020. Malgré la baisse constatée de mai à août, les chiffres d’août marquent toutefois une évolution nette par rapport à l’année précédente (+ 7,8 % en un an et + 11 % en 6 mois).

La forte augmentation des demandeurs en catégorie A jusqu’en avril s’expliquait en partie par des entrées nouvelles au chômage mais aussi par le glissement des catégories B et C (demandeurs d’emploi ayant travaillé le mois précédent) vers la catégorie A (faute de travail). Les catégories B et C atteignaient en effet 1,43 million en février, puis elles ont baissé à  0,9 million en avril, avant de remonter fin août à 1,44 million, ce qui signifie que le travail était alors en partie revenu.

Au final toutefois, la situation de l’emploi, contrairement au contenu de certains commentaires se réjouissant de la baisse régulière des demandeurs de catégorie A depuis quelques mois, reste, fin août, inquiétante.  Il existe certes un léger redémarrage de l’activité qui permet aux demandeurs d’emploi de cumuler inscription au chômage et occupation d’un emploi, comme une part d’entre eux en a l’habitude, souvent un emploi provisoire ou à temps partiel, et donc de disposer d’un complément de revenu. Il existe de plus, de juin à août, une diminution légère du nombre total des demandeurs d’emploi, ce qui soulève chez certains l’espoir que le nombre des demandeurs d’emploi soit en voie de stabilisation. Mais, au final, les demandeurs de catégorie A sont fin août beaucoup plus nombreux qu’avant la crise, la reprise de l’épidémie cet automne n’est pas de bon augure, les entreprises soutenues jusqu’à l’été vont pour certaines affronter les aléas de la reprise et, de plus, il faut tenir compte d’un chômage partiel, certes en baisse, mais qui est loin d’être négligeable (en août, encore 1,3 million de salariés étaient dans ce cas). L’évolution des chiffres du chômage sur l’automne sera décisive pour mesurer l’impact social du COVID et il est douteux qu’elle soit favorable.